(Elijaah & Wally) Titans

Voilà plusieurs semaines que je me suis rendue compte que Kid Flash, le speedster de ma vision était aussi le garçon rencontré à Metropolis, Wally, le mécanicien de la police. Plusieurs semaines que j'ai rencontré Wonder Girl, que j'ai participé - sans le vouloir - à l'une de ses missions avec succès. Plusieurs semaines que j'ai eu ma vision. Depuis, je l'ai revue plusieurs fois. Toujours la même, sans aucun détail supplémentaire. Une frustration éternelle de savoir que les informations sont si près sans jamais pouvoir les voir. Sans pouvoir les percevoir. Je sais qu'elles sont là, toutes proches. Je les vois sans les voir, les entend sans les comprendre, sans même déceler le timbre d'une voix. Il n'y a que les yeux de Wally qui sont clairs, derrière son masque rouge. Je suis rentrée à New York, j'ai repris ma vie derrière mon handicap caché, me servant honteusement de l'esprit ses autres pour pouvoir voir. Pour pouvoir travailler, me déplacer, survivre autant que possible. Je sais bien que ce n'est pas très sympa, pas très éthique, que je ne peux pas me servir de mes dons pour ça. Mais comment faire autrement ? Comment avouer à mes parents ? Je ne préfère pas. Le secret est ce qui me protège le plus, n'est-ce pas ? Compte tenu de mes difficultés, je ne me s'en sors pas si mal. Ce qui est le plus dur est encore de réussir à m'organiser chez moi, mais je prends le temps dont j'ai besoin pour le faire. Dans le fond, je crois que ça en vaut la peine. Je me sens plus forte à présent, plus en contrôle. Et finalement, j'ai eu une nouvelle vision. Un rêve. Un journal. Un article. Et seulement quelques mots perceptibles : une date, une rue, une ville – celle de Wally – et un meurtre. Celui d’un policier. Encore cette ville. Je me suis réveillée avec une certitude : il fallait que j’y sois, que nous y soyons tous les deux. Alors, j’ai attrapé un avion et je me suis encore retrouvée à Central city. A croire que je vais élire domicile ici. Difficile à dire. Puisque je ne sais pas où nous étions quand je nous ai tous vu réunis. Je fais craquer ma nuque et je m’étire un peu. Je suis dans l’ombre d’une ruelle de Central City. Je ne devrais pas être là, mais je le suis. Parce que je sais que je ne suis pas seule. Il ne devrait plus tarder. D’une seconde à l’autre. Dans un souffle. Cette fois, j’ai pris la précaution de cacher mon visage. Si ma tenue ne ressemble pas exactement à celle que j’ai vue, il y a de l’idée et mes cheveux roux sont assortis avec le vert de ma tenue. Envoyer un message à Wally a été la première chose que j’ai faite en atterrissant. Pas n’importe quel message. Pas un message laissant des traces. Un passage dans son esprit lui donnant l’heure, la rue et lui intimant de fermer les yeux. Difficile de dire pourquoi mais… c’est comme un pressentiment.

Je me suis servie des passants pour arriver ici, bien cachée sous un impair suffisamment long pour qu’on ne remarque pas ma tenue. C’est encore un passant qui m’a permis de détailler les lieux, bien avant que la nuit ne commence à tomber pour me permettre de m’embusquer. Impair retiré, caché derrière une poubelle, masque sur le visage pour protéger mon identité, cheveux attachés pour ne pas être gênée. Appuyée contre un mur, profitant d’un angle mort de lumière, maintenant que la nuit est tombée, je suis invisible. Pourquoi un homme s’aventurerait-il jusqu’ici ? Pourquoi un policier serait-il là, tout seul, dans un quartier assez sordide ? Je n’ai pas peur, mais je dois avouer que je n’envie pas les gens qui vivent ici. Cela ne me donne pas envie. C’est la légère brise qui balaie mon visage qui me laisse penser qu’il est arrivé. Alors je sonde les environs et je le perçois. L’esprit de Wally, aussi vif que le reste de son être, difficile à suivre, difficile à comprendre. Mais j’arrive à m’y projeter suffisamment pour lui dire au creux de celui-ci : « Je crois que c’est un collègue à toi… Je ne sais pas qui il est mais… Nous devions être là ce soir, tous les deux… ». Peut-être est-ce la lune dessinée sur le journal, comme un rappel à la moquerie m’étant adressée dans la première vision qui m’a laissée penser que l’homme tué est un méta-humain, comme nous. Toujours au creux de son esprit, je rajoute : « Ma vision… C’était une rubrique nécrologique ». Je veux juste qu’il le sache. Peut-être que nous ne pourrons pas le sauver, peut-être qu’il est destiné à mourir, mais je ne pouvais pas ne pas essayer. C’était trop important. Je n’aurais plus jamais pu me regarder dans un miroir. Enfin, façon de parler, n’est-ce pas ? Puisque je ne vois plus rien, je serais restée avec moi-même dans le noir, cernée par une culpabilité qui m’aurait détruite. Alors je suis là et je n’ai pas peur. Esprit tendu, prête à entrer en action, il ne reste qu’à attendre. Même si je ne comprends pas bien pourquoi j’ai cette insidieuse sensation que ma télépathie ne sera pas ma plus grande force ce soir.

« C’est trop dangereux, Elijaah. Rentre chez toi, nous en reparlerons demain. »

Non, il ne pouvait délaisser l’idée. Il y avait là une opportunité à saisir qui ne se représenterait peut-être plus, était-il le seul à l’entrevoir ? L’indice qu’ils avaient obtenu était déterminant dans l’enquête en cours, il pouvait permettre de trouver l’identité du coupable à moins d’être plus rapide que lui. Une clé assez spéciale de par son inscription qu’ils avaient réussie à identifier plus tôt.

« Mais on y est presque, demain il sera peut-être… »

Son chef le coupa net dans son élan, haussant le ton pour affirmer sa position.

« Suffit. Je ne veux pas risquer la vie de mes hommes. Tu devrais y aller maintenant, et ne tente rien par toi-même, je te connais assez bien pour savoir ce que tu es capable de faire. »

Le jeune homme soupira et s’en alla, c’était inutile d’insister davantage auprès de lui. Il s’entendait vraiment bien avec son boss, mais ce dernier avait tendance à toujours privilégier la protection de ses hommes et particulièrement Elijaah dont l’histoire le touchait beaucoup.  Evidemment qu’il n’allait pas rester là à attendre que le voleur s’en sorte. Il allait y aller, au fameux entrepôt qu’ouvrait cette clé.

---QUELQUES HEURES PLUS TARD---

Des gouttes de sueurs perlaient au sommet de son front tandis qu’il courait à travers l’immense structure, la douleur l’empêchant de réfléchir à un nouveau plan. Bordel, comment pouvait-il être aussi rapide ? C’est comme s’il se téléportait d’un endroit à l’autre. Un méta-humain peut-être ? La situation allait être compliquée dans ce cas. Elijaah se cacha derrière une caisse lorsqu’il entendit des bruits de pas se rapprocher, retenant sa respiration comme il le pouvait, comme si sa vie en dépendait. S’il avait laissé une trace de sang derrière lui, s’en était finie. Il changea encore de cachette, s’éloignant du malfrat autant qu’il le pouvait. Il devait réussir à sortir d’ici mais l’entrepôt n’avait qu’une seule issue. De plus, il ne pouvait demander de l’aide, le réseau étant introuvable dans le bâtiment. Rictus ironique. Pourquoi n’avait-il encore une fois pas écouté son boss ?

« Youhou, où tu caches-tu ? »

Une pluie germa hors du bâtiment, déclinant nettement les sons qui se discernaient à l’intérieur, marquant de ce fait le début du jeu du chat et de la souris. Il était la souris. La proie. Il rangea les documents qu’il avait volé plus tôt dans sa veste, des preuves qui pouvaient inverser le jeu si jamais il réussissait  à les remettre jusqu’au poste de police. Pour l’heure, la tâche était surtout de survivre et déloger la douloureuse balle plantée au beau milieu de son épaule gauche. Clap. La pluie se déchaîna davantage, ruissellement abondant sur les vitres usées. Impossible de distinguer le bruit des pas dorénavant, un cache-cache de sourd. Son pouvoir pouvait probablement l’aider à s’en sortir, lui permettre de se faufiler rapidement de d’abris en abris. Il inspira un grand coup, ses sombres pupilles virèrent aux milles-couleurs et étoiles de l’univers alors que le temps autour de lui déclinait peu à peu en un ralentissement qui lui offrait l’avantage. Les tatouages blancs qui ornaient son corps s’illuminèrent également. Grâce à cela, il avait pu l’atteindre.

La sortie. Il avait pu s’enfuir et atterrir dans une sombre ruelle. La pluie diluvienne  englouti Elijaah de ses nombreuses gouttelettes, l’orage était là, grondant. Les pavés trempés accompagné du vent firent malheureusement glisser le garçon à terre, se retrouvant face à une flaque d’eau. Son reflet qui s’y projetait devint rapidement celui de l’homme qu’il cherchait à fuir, avant qu’il ne s’y matérialise physiquement. Le doute qu’il avait eu concernant sa nature n’était plus à prouver. Il se maintenait là, debout.

« Assez joué. »

Un sourire moqueur, une voie arrogante. Il était agenouillé face à celui qui allait l’assassiner, l’abominable arme à feu plaqué sur son front humide. Était-ce là un signe de la providence ? Etait-ce là son destin, de finir exécuter d’une balle en pleine tête à l’angle d’une ruelle sombre  baignée des larmes du ciel ? Alors soit. Il avait perdu le jeu, il allait perdre la vie. Ses pouvoirs ne l’aiderait plus à s’en sortir, ses yeux reprirent leur couleurs naturel de même que ses tatouages s’éteignirent.

« Une dernière volonté ? »

Si le chapitre de sa vie devait se clôturer, il voulait rester digne. Que les dieux voient sa force et sa volonté face à la chaleur de la mort. L’alignement des planètes n’avait pas joué en sa faveur, l’infortune au hasard. Toujours à terre, toujours agenouillé, il ancra son regard d’ébène dans celui qui ferait disparaître son âme de cette espace-temps. La pluie continuait à ravager son visage de ses sanglots, mais une chose était sûr : lui ne pleurait pas. Il acceptait le destin puisqu’il n’y avait aucune autre option.

« Aucune. »

L’orage était là, comme un Titan qui balayait les débris sur son passage et demain n’en restera qu’un cadavre. Son cadavre.

C’était une journée comme les autres. Typiquement celle d’aller au boulot le matin, et de s’occuper de la ville en Kid Flash le reste de la journée. Bien que j’étais plus en Kid Flash qu’en Wally ces derniers temps, je ne perdais pas mon objectif. Il ne fallait pas non plus que ma vie ne soit que du super héros. Aussi cool que cela pouvait le paraître, c’était un cadeau empoisonné. Car plus nous nous y enfoncions, et plus nous oublions de vivre. Trop occupé par sauver des vies. Attention, je ne dis pas que ce n’est pas non plus important, ça l’est. Mais si on ne se déconnecte pas de temps en temps, on finit absorbé et cela devient plus dangereux que ça ne l’était déjà de base. C’était pourquoi aujourd’hui j’avais décidé de passer un peu de temps libre. J’avais toujours mon portable sur la fréquence de la police en cas de problème, mais sans problème, j’allais juste être Wally. Alors que je sortais de mon horaire de travail, j’allais en centre ville pour profiter un peu. Je me prenais un petit sandwich que je mangeais dans la pelouse d’un petit parc. Certes, ce n’était clairement pas le temps à ça, mais je n’avais pas spécialement froid, et puis la pluie n’avait été annoncée que ce soir. J’étais partis pour une après midi du tonnerre. Et effectivement, elle l’était.


Le soir approchait quand j’étais dans un bus, sur le chemin de la maison. Je recevais des images comme lors de la première fois que Lilith m’avait contacté. Elle m’avait transmis des visions d’un futur. Je voyais une heure et un endroit. Ce qui me laissait clairement pensé que c’était urgent, une affaire comme tantôt ? Probablement auquel cas elle m’aurait contacté par téléphone. Elle devait ne pas être trop loin aussi, je me doutais bien que son rayon de télépathie ne pouvait pas faire la moitié du pays. J’appuyais alors sur le bouton pour faire stopper le bus et sortir. Quelques gouttes commençaient déjà à tomber. Une fois que personne ne me voyait, je disparaissais. Je faisais une boucle par chez moi, histoire de me mettre en costume rouge et de filer à l’endroit. Seulement quelques secondes s’étaient produit, mais c’était bien assez. J’étais situé sur le doit en face de la rue, de ma position je voyais l’entièreté de la ruelle. Il n’y avait que la grande rue qui passait de par et d’autres de ma vision, mais plus loin, j’avais une vue imprenable. Je voyais aussi bien le début de la ruelle comme le fond où se trouvait un petit entrepôt. J’entendais la voix de la rousse résonner dans mon esprit. Qui me donnait l’information que c’était un de mes collègues. Comment ça, un de mes collègues ? De police ? Qui cela pourrait être ? Eli ? Ça pourrait totalement être lui. Lorsqu’elle me disait que c’était un article de rubrique nécrologique, ça confirmait que j’allais pas laisser passer ça. Clairement pas. J’attendais patiemment comme Lilith. La pluie devenait de plus en plus abondante, faisant retomber mes cheveux sur mon masque. Lorsqu’une personne sortait dans la rue, puis se retrouvant sur au sol, je plaçais une main sur le rebord alors que j’étais agenouillé. J’observais. Un homme sortait du sol dans le plus grand des calmes. Cela devait être Mirror Master, Barry l’avait déjà affronté, il s’était échappé d’Iron Height le bougre. Je parlais dans ma tête pour essayer de contacter Lilith. ‘On agis quand ? Lilith ?’ je ne savais pas si elle me recevait. Certainement pas, ou pas assez fort. Lorsque la personne qui était plus tôt sortie d’une flaque prenait l’arme dans sa main pour la coller sur ce que je pensais être son front, il n’y avait plus de temps à perdre.


Un vrombissement sonore se faisait entendre, alors que le temps se figeait autour de moi. Les gouttes ne tombaient plus, elles avaient l’air figées dans les airs. Alors que je venais placer une main droite devant mon visage, typiquement mon geste de ninja de l’éclair, je commençais à dévaler la façade. Toujours plus rapide. J’entendais un bruit sourd qui annonçait que le pistolet venait de faire feu. Je devais donc être plus rapide qu’une balle faisait quelques centimètres. Je sentais la connexion entre moi même et la force véloce se renforcer. Le nombre d’éclairs se multipliait  montrant que j’accélérais toujours plus vite. Avec une vitesse que je n’avais clairement jamais atteinte, j’arrivais au niveau des deux hommes. Sans m’arrêter, je donnais un coup dans l’arme qui l’enverrait valser avec la balle dedans. Normalement, la balle devrait ne pas sortir du canon avec la modification de trajectoire de l’arme. Quant à l’homme, je profitais de ma vélocité pour tendre mon épaule. Le temps reprenait sa vitesse normale alors que je le voyais propulsé contre le mur du fond. Je me tournais, quelques éclairs dû à mon passage claquait. Je regardais l’homme à qui je tendais la main. « Faut pas rester seul comme ça dans un endroit aussi craignos m’sieur l’agent. » Je n’avais pas fait attention au fait que Mirror Master aurait pu ne pas être assommé. Mais alors que je me tenais sur la flaque, je tombais à travers avant de réapparaître dans le vitre, du bâtiment où je me trouvais plus tôt. Mais cette fois-ci, j’étais propulsé dans le vide, comme quelqu’un qui avait été poussé. Je tombais en chute libre. Juste avant d’heurter le sol, je faisais battre mes bras pour calmer la chute. Ce qui faisait à moitié effet. Au moment de toucher le sol, j’entendais un crac ainsi qu’une douleur à ma cheville droite qui me faisait tomber sur le côté. J’hurlais de douleur alors que je me tenais cette fameuse cheville. Au milieu de la route. Bon, au final, c’était beaucoup moins simple que ce que je pensais.

Alors que nous attendons, la pluie se met à tomber. Les quelques gouttes du début, se transforment en une averse qui rendra notre tâche malaisée, c'est certain. Je tire ma capuche noire. Les choses changent très rapidement. Nous étions seuls dans la ruelle, attendant notre heure quand quelqu'un arrive en courant. Je n'entends que le bruit précipité de sa course et son souffle court, saccadé. Je suis presque sûre que c'est lui que nous devons sauver. Sans pour autant en être certaine. Les mèches qui dépassent de sous ma capuche sont trempée, cela ne me dérange pas. J'ai d'autres choses à penser. L'homme trébuche et tombe. Le bruit est distinct et il ne coure plus. Du reste, je ne perçois rien. Alors j'utilise les yeux de Wally puisque je suis déjà dans son esprit. Je veille à ne pas trop m'y enfoncer même si j'y suis obligée pour utiliser sa vue. Déjà, ses pensées trop rapides s'entrechoquent dans mon esprit. Je me concentre sur la scène qui se déroule dans la ruelle. Il est à genou. Un homme, qui semble assez jeune, notre âge, peut-être un peu plus vieux, difficile à dire. Pour le moment, je n'entre pas dans sa tête. Nous pourrions bouger, maintenant. Mais avant que je n’aie eu le temps d'esquisser le moindre geste, un homme commence à sortir du sol. Je fronce les sourcils en me penchant, mais cela ne change rien puisque j'utilise les yeux de Wally. Il sort réellement du sol ? L'homme qui nous allons devoir affronter pour sauver ce policier est un méta ? S'il peut passer à travers les surfaces, il sera difficile à attraper. Mais déjà, l'esprit de Wally répond à ma question : Mirror Master. Le reflet. Y compris le reflet de l'eau sur le sol. Difficile à contrer, mais pas impossible. Il me demande quand nous devons agir mais l'arme que l'homme sort le pousse à bouger. Le bruit est tellement surprenant que je sors de son esprit redevenant aveugle l'espace d'un temps. L'esprit de Wally est douloureux pour moi, même quand j'essaie de ne pas aller trop loin dans sa tête.

J'entends son commentaire puis son esprit disparaît. Je fronce les sourcils lorsque je le perçois à nouveau. Il tombe. Il tombe ? J'accroche l'esprit du policier pour voir son dernier souvenir : Wally tombe dans la flaque et ressort par une fenêtre pour s'écrouler sur la route, se blessant par la même occasion ce qui explique le cri que j'ai entendu. Toujours cachée je reste silencieuse. Mais autour de Wally plusieurs esprits sont là. Ce que je peux percevoir m'indique qu'il s'agit de conducteur. Celui qui s'approche de Wally ne le voit pas. Il est occupé à régler sa radio alors je prends le contrôle de son esprit pour le forcer à freiner. La voiture s'arrête juste devant Wally. J’entre dans l’esprit de Wally pour lui dire : « Le trottoir... Vite ! ». Je reste dans son esprit tout en entrant à nouveau dans celui du policier sans bouger, sans dévoiler ma présence, sans faire de bruit : « Il faut vous mettre à l'abri. Ne restez pas immobile au milieu de la ruelle ! ». La zone n'est pas terrible mais il y a quelques grandes poubelles derrière lesquelles il peut se cacher. La ruelle est calme à nouveau. Je ne perçois plus que l'esprit du policier et celui de Wally, plus loin, sur la route. Ce qui peut vouloir dire deux choses : soit le méta-humain se servant des reflets est mort, soit il est parti. Pour mieux revenir j'imagine. Instinctivement, je tapote le sol sous moi. Il ne semble pas y avoir de flaque. Je ne survivrais pas à une chute. Au mieux je pourrais espérer me téléporter, mais je ne suis pas sûre que cela suffise. Lorsque je perçois à nouveau un esprit, il est trop tard pour que je puisse faire quelque chose : l'homme vient de pousser le policier qui s’était relevé dans le reflet d’une vitre sur sa droite, suffisamment grande pour qu'il y bascule. Je ne perçois plus qu'un esprit dans la ruelle. Le sien. J'y entre pour le voir se tourner vers Wally. Le speedster s'est redressé et revient vers nous ce qu'il l'empêche de faire, le faisant à nouveau basculer dans une flaque. Je perds également l'esprit de Wally. Ils ne sont plus là. Il me faut fouiller dans l'esprit du méta-humain pour comprendre ce qu'il vient de faire : les deux hommes sont coincés dans les reflets, dans un monde que je ne peux pas encore comprendre. Et s'il le ferme, alors je ne pourrais même pas le percevoir. Mais se sentant en confiance, il s'approche d'une vitre et regarde dedans. Utilisant ses yeux je peux les voir. Wally et le policier sont là. Et l'homme tisse son illusion : le policier prend l'apparence du méta-humain. Le plan est simple : pousser le speedster à ce qu'il tue de ses mains le policier. Alors je tente de profiter de l'ouverture du monde des reflets pour me projeter dans l'esprit des deux hommes prisonniers : « Il ne faut pas croire ce que vous voyez ! Le méta-humain est toujours avec moi, dans la ruelle ». Je sais que le policier ne me connaît pas, il va falloir qu'il me croie. « Fermez les yeux. Fermez les yeux ! ». Il le faut, avant que Wally ne cherche à arrêter la mauvaise personne. Je pense qu'il ne ferait pas de mal au policier, mais déjà l'illusion semble prendre un côté plus agressif, plus dangereux pour Wally... Il faut qu'il m'écoute. Au moins lui. Surtout lui.

Alors que je me tenais toujours ma cheville, je voyais les phares d’un véhicule approcher à toute allure. Par instinct je tournais la tête et mettais mes deux mains pour essayer de bloquer un maximum le choc. Mais rien, lorsque je regardais l’endroit, le par-choc se trouvait à un bon mètre, mais j’étais toujours en vie. Puis, en coordination avec Lilith dans mes pensées, je venais tant bien que ma a me mettre sur le trottoir. Ma cheville était en mauvais état, je ne savais pas vraiment si elle allait tenir le coup, mais il fallait. Alors que je ne voyais plus Elijaah, je me remettais sur mes deux pieds et fonçais sur Scudder. Avec une vélocité bien réduite, il avait  le temps de me voir venir et de me refaire tomber à travers une satanée flaque. Pourquoi il pleuvait aussi ? Pourquoi ! J’étais à présent dans un monde bizarre. Toutes mes perceptions étaient moins efficaces que la normal, j’entendais bien moins, voyais presque flou… Mais je voyais assez bien pour voir que Scudder se tenait devant moi. Sans attendre, je fonçais sur lui. « J’vais te le faire bouffer ton monde des miroirs ! » disais-je en m’approchant. Mais alors que j’arrivais à quelques centimètres de lui claquer une mandale droit dans la face, ses yeux et des tatouages venaient perturber ma vision. Était-ce une illusion ? Dans le doute j’esquivais et faisais un roulé boulé derrière lui. Ma vélocité et blessure combinée m’empêchaient de le faire proprement. J’étais un genou au sol. « Depuis quand tu peux faire ça ? » Mais ma réponse venait une nouvelle fois dans ma tête. Si ce n’était pas Scudder, c’était forcément Elijaah ! J’appliquais donc ce que la télépathe venait de dire. Tout en ajoutant. « Alors vous aussi vous êtes un méta ? » à l’encontre du policier.

Le bruit du coup de feu sonna, mais la balle ne vint jamais se loger dans sa cervelle, pas sur cette terre du moins. Au lieu de ça, le canon avait littéralement dévié de trajectoire par l’éclair, s’envolant loin de sa position, tout comme l’homme. Kidflash. Elijaah ne put cacher la surprise visible sur son visage et une seule question venait dans son esprit : Comment ? Comment l’avait-on trouvé ? Comment avait-il su qu’il était en danger ? C’était vraiment inattendu comme situation. Les dieux ne l’avaient peut-être pas abandonné, au final ?

« Faut pas rester seul comme ça dans un endroit aussi craignos m’sieur l’agent. »

Et surtout, comment savait-il qu’il était agent de police ? Le jeune homme ne portait pas l’uniforme et malgré qu’il avait l’insigne autour de sa taille, impossible en pleine nuit de le discerner, surtout au beau milieu de l’orage. Egalement, pourquoi prenait-il le temps de modifier sa voix dans une telle situation ? En tout cas, il savait ironiser une situation grave comme celle-là, Wally s’entendrait bien avec lui s’il était là. Les réponses à ses questions internes ne vinrent cependant jamais puisque le héros tomba, se faisant engloutir par la flaque d’eau, la même par laquelle était arrivé le vilain tout à l’heure. Disparu. Il se mordit les lèvres, frustré de perdre son sauveur. Quel était donc la limite de ses pouvoirs ? Il fallait les définir rapidement s’il voulait s’en sortir vivant : Le vilain n’allait pas s’arrêter avant d’avoir récupéré les documents et l’éliminer, lui qui en savait déjà trop. Il devait aussi retrouver Kidflash et s’assurer qu’il allait bien.

« Il faut vous mettre à l'abri. Ne restez pas immobile au milieu de la ruelle ! »

Il tourna la tête de droite à gauche. Quoi ? Une hallucination ? Il fronça les sourcils, la voix féminine n’avait pas tort : il devait rapidement trouver un endroit où se cacher. Des poubelles ne se trouvaient pas loin de lui, ce pourrait être une bonne cachette. Alors qu’il se releva, l’homme apparu face à lui, le poussant violement contre une vitre. Ensuite, c’était étrange, il était passé au travers et plus rien n’était pareil. Comme s’il n’était plus dans le monde réel, comme s’il se trouvait dans une dimension à part. En observant l’étrange lieu, il aperçut à nouveau kidflash, qui s’énerva contre lui. Oups ?

« J’vais te le faire bouffer ton monde des miroirs ! »

Pardon ? Pourquoi le regardait-il ainsi, comme s’il était responsable de toute cette situation ? Dans un sens, ce n’était pas faux, mais quand même : il n’était pas le criminel. Alors que Kidflash commença à foncer, Elijaah activa instinctivement ses pouvoirs pour tenter de se protéger, ses yeux prenant à nouveau le reflet de l’univers et ses tatouages s’illuminant encore d’une belle lumière, plus vive que tout à l’heure. Il plaça ensuite ses bras en avant dans une position défensive, exposant les magnifiques courbures des dessins blancs qui ornaient son corps. Pendant ce temps, il tentait de ralentir le temps autour de lui, mais il savait bien qu’il ne pouvait rivaliser avec la vitesse d’un speedster. Pourquoi l’attaquait-il ? Il ferma les yeux un instant, ne voulant pas voir le choc, mais celui-ci n’arriva pas.

« Depuis quand tu peux faire ça ? »

« Il ne faut pas croire ce que vous voyez ! Le méta-humain est toujours avec moi, dans la ruelle Fermez les yeux. Fermez les yeux ! »

Oh, une illusion ?  Ça expliquait tout. Heureusement, il avait déjà les yeux fermé. Elijaah souffla un coup, au moins il n’avait plus à avoir peur de se prendre un coup de Kidflash, il n’était pas sûr de pouvoir y survivre si ça arrivait. Il lâcha un nouveau bruit de douleur, attirant sa main sur sa blessure à l’épaule, la balle s’y trouvait toujours…

« Merci, la voix. »

« Alors vous aussi vous êtes un méta ? »

« Hmm hmm. Un gentil, oui. Pas comme l’autre là. » Il fit une mine de dégoût, ayant soudainement l’image en tête puisqu’il avait les yeux fermé.  « Je ne risque pas d’être une grande aide cependant, je suis encore qu’un novice dans l’apprentissage de mes pouvoirs… »

Devait-il lui indiquer son domaine de prédilection, l’espace-temps ? L’autre pourrait entendre et ça gâcherait l’effet de surprise.

« Mais je vais faire mon possible. »

Il releva la tête, dirigeant son regard fermé vers le ciel, comme s’il parlait à un esprit. Du moins, il voulait communiquer avec la voix, la femme. Sa position elle, était inconnue.

« Et maintenant, que fait-on ? »

J'ai le tournis. J'ai l'impression d'être frigorifiée, mortifiée, terrifiée et en même temps totalement excitée. Pourquoi je suis là ? Pourquoi j'ai pris la décision de donner de l'importance à cette vision ? De prendre autant de risques ? Quels risques ? Je suis cachée, là, dans un recoin sombre de la ruelle, abritée derrière un masque, cachée sous une capuche et totalement aveugle. Il ne pourrait pas me piéger dans ses illusions même s'il le voulait. Ses reflets m'importent peu. Mais les deux hommes qui sont dans le monde des miroirs, eux, sont totalement aux prises avec ça. D'ailleurs, Wally se laisse prendre à l'illusion et s'apprête à frapper le policier jusqu'à ce que celui-ci lève les bras pour se protéger. A travers les yeux du manipulateur de reflet, je constate que le policier est un méta lui aussi. Et que cela suffit à Wally pour s'arrêter. Il lui demande depuis quand il sait faire ça. Cela pourrait être une illusion mais je perçois la surprise en lui. Et finalement, ma voix parvient aux deux hommes. Ils ferment les yeux tous les deux. Et le policier s'adresse à moi à voix haut ce qui attire l'attention de l'homme qui les a piégés dans ce monde. Subitement, son regard se détourne et il commence à me chercher. L'avantage c'est que sans qu'il ne le sache, je sais où il va. J'entends vaguement la conversation entre les deux hommes. Dans sa recherche, il en a laissé le monde des miroirs ouverts. J'essaierais bien de créer un pont entre nos trois esprits mais je n'ai pas eu l'occasion de m'entraîner. La dernière fois n'a pas été très glorieuse. Wally a été sourd pendant quelques instants. Je préfère éviter de réitérer cette expérience, même si cela nous aurait bien été utile. Je leur dis à tous les deux : « Il me cherche. Son attention est détournée et son miroir est ouvert. Si vous le trouver, vous pourrez sortir... ». Quant à la marche à suivre... Je n'en sais rien. « Il se sert des reflets, j'imagine que le reflet qui vous permettra de sortir est différent... Chercher quelque chose qui cloche : un reflet dans le mauvais sens ou trop trouble... ».

L'homme s'approche de moi et je suis obligée de bouger. Je recule, le long du mur à tâtons. Le souci c'est que je ne vois pas réellement ce que je fais. Je suis obligée de me rappeler ce que j'avais vu à travers les yeux de Wally et cela me force à me couper des deux hommes pendant quelques instants. Je remonte dans mes propres souvenirs pour retrouver les images de la rue ce qui me permet de reculer plus vite et de me dissimuler derrière deux poubelles. « Où es-tu sale petite voix... ». Il me cherche toujours. Il n'avance pas dans le bon sens heureusement. Aveugle, je n'ai pas vu la vitre du vieux bâtiment qui se trouve juste à côté de moi. Mais je l'entends dire : « Je te vois, ça y est ». Lorsque la main se referme sur moi. Je sursaute et lâche un petit cri aigu avant de me téléporter à quelques mètres. Je ne vois plus rien. Je ne sais plus où je suis et lorsque je me sens tomber, je panique à nouveau ce qui me permet de me téléporter encore. Je projette à nouveau mon esprit dans l'esprit des deux autres méta : « C'est quand vous voulez !! ». Un coup de coude au visage me propulse vers l'arrière. Je trébuche et m'étale au sol. Je me redresse sur un coude, sonnée et j'entends : « Fini de jouer ma jolie, plus de téléportation pour toi aujourd'hui... Ni jamais ». J'entre dans sa tête et je le vois me regarder. Je suis au sol, il me toise de sa hauteur et s'apprête à me faire passer dans son monde, mais il attend. Il attend quoi au juste ? C'est quand il fixe la flaque que je comprends : le reflet est trouble. Alors je pose une main dans l'eau et tapote de mes doigts pour continuer à le troubler puis j'entre entièrement dans son esprit pour le bloquer. Je prends le contrôle de son esprit pour le figer. Il ne peut rien faire. Mais déjà son esprit se rebelle. Il est fort et je ne pourrais pas tenir longtemps. Quelques secondes peut-être. Si Wally et le policier ne trouvent pas la sortie, nous serons tous piégés dans les miroirs.

Je faisais que maintenant le lien dans mon esprit. Elijaah était un méta. Quelle enflure, moi qui étais son pote depuis tout ce temps il me l’a pas dit. J’avais un peu de peine à cette idée, mais le fait qu’il dise qu’il était novice me faisait comprendre qu’il l’était depuis peu, peut-être n’a t-il pas trouvé le temps de le faire ?  Quoi qu’il en était, il fallait sortir de ce monde, foutue monde des miroirs. Les mots de la rousse retentissaient dans ma tête. J’ouvrais les yeux et me mettais à vibrer pour essayer de sentir ou de voir si un miroir réagirait à ma vibration. Bingo, un seul. Sans perdre un instant, malgré la blessure mais qui faisait un tout petit peu moins mal, merci la régénération des bolides. J’attrapais Eli et je sortais avec lui du monde. Nous nous rétamions dans l’allée alors que plus loin, je voyais Mirror Master et Lilith face à face, la télépathe tapant dans le reflet pour le perturber. Cela me donnait une idée. Je me tenais la cheville, même si elle faisait moins mal, la blessure était toujours là. Je me tournais vers Elijaah, je retirais le masque. Pour le regarder droit dans les yeux, mes deux mains sur ses épaules. « Ecoutes Eli, on n’a pas le temps, j’vais vous donner assez de temps et une ouverture pour le neutraliser, par contre, traînez pas trop non plus. Tu peux le faire. » Disais-je avant de reposer le masque sur mes traits. Je pensais fortement dans ma tête à Lilith, pour qu’elle puisse me capter et tenter de voir si ma demande était réalisable. Dans ma tête, je m’imaginais parler comme si je le faisais réellement, mais sans les lèvres qui bougent. Je lui demandais d’essayer si elle en avait le moyen de maintenir mes pensées rivées sur quelque chose, pour que je ne pense à rien d’autre que ça, surtout pas à la douleur. Puis, mes yeux, ainsi que tout mon corps se mettait à s’électriser, des éclairs claquaient autour de moi, les yeux fermés toujours rivé sur la pensé, je les ouvrait finalement, en même temps qu’un éclair, on aurait pu croire que mes yeux étaient remplacés par de la foudre. Avant de partir à une vitesse jamais atteinte. Je courais en rond, autour d’Eli, Lilith et Mirror Master. Je courais si vite, que je voyais la pluie se figer. Je tournais, sans m’arrêter. Je voyais des éclairs claquer déjà à ma vitesse alors à la vitesse réelle, un vent et une tempête autour devait très probablement se distinguer. Mon but était de créer assez de friction pour réchauffer l’intérieur de ma boucle, évaporant toute l’eau au sol, tout en bouchant sa vision par ma course. Je continuais d’accélérer du plus vite possible. j’en hurlais même, ça me donnait plus de force à donner, et il fallait que je continue de briser mes limites, pour leur permettre de l’arrêter et de leur donner l’avantage. Toujours en pleine course je savais qu’ils allaient réussir.

« Il me cherche. Son attention est détournée et son miroir est ouvert. Si vous le trouver, vous pourrez sortir...  Il se sert des reflets, j'imagine que le reflet qui vous permettra de sortir est différent... Chercher quelque chose qui cloche : un reflet dans le mauvais sens ou trop trouble... ».

Elijaah soupira. S’ils voulaient sortir d’ici, les deux hommes allaient donc devoir ouvrir les yeux et faire face aux visions déformées de ce monde créer à priori de toute pièce, seulement maintenant Kidflash savait qui il était réellement.  Il se mit ainsi à chercher du regard ce qu’avait indiqué la voix d’auparavant, un miroir plus trouble que les autres, mais cette tâche n’était pas aussi aisé en raison du nombre hallucinant de miroir qui se trouvait là. Il plissa ses yeux, lui permettant de mieux observer les différences d’un miroir ou d’une flaque à l’autre. C’est alors qu’il entendit à nouveau la voix, visiblement plus tendu que tout à l’heure, est-ce qu’elle aussi se faisait attaquer en ce moment ? Celle-ci leur disait de se dépêcher, c’est ce qu’il essayait pourtant de faire malgré lui. Puis soudainement, sa vision changea, son corps téléporté ailleurs et tombant instantanément au sol avec le super héros à ses côtés. Kidflash avait réussi mais l’heure n’était pas aux réjouissances : il se tenait la cheville de douleur. Elijaah se rapprocha instinctivement de celle-ci alors que lui-même était blessé à l’épaule, du sang commençant à recouler suite à la violence de la chute. La balle s’était déplacée, il pouvait le sentir.

« Est-ce que ça va aller ? » Pour une personne lambda, la question serait stupide puisque non, ça n’irait pas, ce serait même une catastrophe, mais là il s’agissait d’un speedster. Au lieu de lui répondre, il enleva son masque de manière innatendu. Le fameux masque qui séparait Elijaah de l’identité de son sauveur et de la vérité, et alors seulement il comprit le fameux secret. Wally. Ça avait toujours été Wally derrière. Son visage, il le regardait comme si ce n’était pas réel, comme si ce n’était pas vraiment lui, comme si c’était la première fois qu’il découvrait ces traits. Sa voix le ramena pourtant à la réalité.

« Ecoutes Eli, on n’a pas le temps, j’vais vous donner assez de temps et une ouverture pour le neutraliser, par contre, traînez pas trop non plus. Tu peux le faire. »

Wally avait raison, l’heure n’était ni au temps des questions, ni au temps des réponses. Ils avaient une chose à régler avant. Seulement, Wally lui faisait bien trop confiance sur le moment pour lui donner la tâche de le neutraliser alors qu’il ne connaissait même pas ses pouvoirs. Il soupira. Du Wally tout craché effectivement. A l’aide de son bras indemne, il se redressa pour se retrouver face au vilain coincé dans une flaque et une femme couché au sol qui semblait troubler cette dernière. Elijaah supposa qu’elle était la voix de tout à l’heure, il n’y avait pas un grand nombre d’autres solutions après tout.  Wally commença à tournoyer autour d’eux, tel le vent, tel l’éclair. L’air se réchauffa brusquement et le métahumain comprit son intention.

C’était maintenant à son tour de jouer et une idée lui était bel et bien venu en tête, néanmoins il s’agissait d’un coup de poker. Quitte ou double. Plusieurs mois auparavant, suite à l’expérimentation de ses pouvoirs, il était parvenu par hasard à faire ce qu’il souhaitait tenter aujourd’hui, mais c’était extrêmement dangereux et instable. Il soupira un bon coup, fermant les yeux. Il se concentra, faisant abstraction de tous les sons et de toutes les sensations existante autour de lui. Ne faire qu’un avec l’espace et le temps, il ressentait cette ligne droite invisible. Il s’harmonisait avec cette dernière, percevant ces ondes qui devenaient peu à peu identiques. Elijaah faisait un avec le passé, le présent et le futur, et lorsqu’il perçut clairement ce flux, le continuum espace-temps, il le brisa à cette position de l’espace, là où se trouvait Mirror Master. Les fameux effets visuels se reflétèrent comme toujours sur le corps d’Elijaah tandis qu’une faille temporelle se créait devant lui, sur cet homme qui avait tenté de le tuer une quinzaine de minutes auparavant. Une forme de couleur noir profonde entouré d’arabesque aux couleurs de l’univers tel une réflexion du cosmos devint ainsi visible. Lorsqu’il se désynchronisa, le garçon tomba à genoux sous l’effet. La brèche avait englouti la flaque et Mirror Master dont la vue semblait trouble. Depuis l’extérieur, il semblait parfois disparaître, parfois se dédoubler, parfois muter mais une chose était sûr : Son regard et ses gestes montraient de la folie. Puis tout s’arrêta : la flaque s’était évaporée emportant la faille avec elle. Elijaah savait au fond de lui qu’elle n’avait pas simplement disparu, qu’elle était toujours présente dans le monde de miroir dans lequel le criminel les avait emporté plus tôt et qu’elle continuerait à s’étendre encore et encore. La chose rassurante, c’est que ce monde appartenait à Mirror Master et qu’aucune autre âme n’en subirait les conséquences à part lui.

Elijaah se posa cependant une dernière question, bien qu’il avait vu de nombreux livres et films de sciences fictions, aucun n’envisageaient les failles spatio-temporelle de la même manière : Quand était-il donc dans le monde réel ? Pouvait-on être sûr qu’on ne le reverrait jamais ?  

Heureusement pour nous trois, les choses vont plus vite que je ne l'aurais pensé. Les deux autres méta-humains arrivent à trouver la sortie du monde des miroirs, non sans s'être tous les deux rendus compte qu'ils se connaissaient. J'ai beau être dans l'esprit du manipulateur de reflet, j'ai quand même capté une partie de leurs conversation et mouvement. Les deux hommes semblent se connaître. Mais ce sont les appels de Wally qui attirent mon attention. Je continue à troubler le reflet dans l'eau et partage mon attention. Comme la pression mentale que j'exerce sur son esprit est plus légère, il commence à bouger, résistant à mon emprise. Les mouvements sont très lents et pour le moment je ne suis pas en danger immédiat. Wally souhaite que je le prive de sa douleur si je le peux. La douleur est une sensation physique, je ne peux pas réellement influer sur celle-ci. Enfin, je ne le pense pas. Mais je peux lui implanter l'idée qu'il n'a pas mal, qu'il ne sent rien. Ce que je fais. Sans m'en rendre compte, l'idée que je lui implante est trop forte, mal dosée, mal contrôlée. Il ne ressent donc plus la douleur, mais pas non plus le reste. Je l'ai privé de ses sensations sans m'en rendre compte. Cela ne semble pas le gêner. Déjà le speedster s'élance. Il commence à tourner autour de nous, à une vitesse très élevée. Tellement que j'ai l'impression d'être entourée d'un cercle rouge et d'éclair qui parsèment son chemin. Je ne vois qu'à travers les yeux de Mirror Master. Il ne regarde que devant lui. Son regard bouge trop lentement. La barrière rouge l'empêche de fuir. Je sens la panique qui commence à monter en lui.

L'autre s'avance. Je perçois son esprit non loin de nous, mais je ne le vois pas. Alors je ne vois pas ses tatouages s'illuminer. Je perçois quelque chose de particulier. Il utilise ses pouvoirs. Dans son esprit, je comprends qu'il manipule le temps. Je ne sais pas bien ce qu'il fait mais il semble créer une sorte de faille temporelle pour emprisonner l'homme qui lui créer des mondes dans les miroirs. Un manipulateur de l'espace vaincu par un manipulateur du temps. Je remarque l'ironie de la chose. Quand finalement, l'homme disparaît, je retrouve le noir complet. Je me laisse tomber au sol et ferme les yeux en soupirant. Quand Wally s'arrête de courir, j'attends une seconde de retrouver mon calme avant de retirer l'idée que je lui avais implanté. Il retrouvera sa douleur, mais je préfère ne pas modifier son cerveau trop longtemps. Une fois fait, je sors définitivement de leur esprit à tous les deux et je me redresse pour m'asseoir en disant à haute voix : « C'était... Woah... ». Je n'ai pas d'autres mots. Péniblement, je me relève et reste immobile au milieu de la rue. Je retrouve l'esprit de Wally quelques secondes pour vérifier où je suis dans la rue et comment me déplacer. Je ferme mon esprit et je me tourne vers Wally : « Ca va ta cheville ? ». Je me tourne vers le policier : « Et vous votre épaule ? ». Je ferme les yeux un instant et fais craquer ma nuque avant de demander : « Vous vous connaissez ? ». J'ai vraiment l'impression que c'est le cas mais je n'en suis pas certaine. J'ai un petit doute sur ce que j'ai perçu pendant qu'ils étaient dans la dimension miroir. Alors autant vérifier non ?

Je courais autour d’eux, autour de Lilith, Elijaah ainsi que du Rogue. A une vitesse que je n’avais jamais atteinte, une vitesse fulgurante mais l’impression que je pouvais toujours aller plus vite, comme si mon compteur à vitesse s’était brisé et que je pouvais atteindre la vitesse de la lumière si je le voulais vraiment. Et tout ça, avec la cheville en miettes, si c’est pas la classe ! Enfin, heureusement que Lilith se côté, sinon j’aurais dû courir sur les mains en super-vitesse, et je doutais que c’était autant impressionnant. Je ne me concentrais que sur ma course, je voyais du coin de l’œil que des trucs complètements barrés se produisaient, mais il fallait que je maintienne la course. C’était ce que je faisais jusqu’au moment où tout semblait se calmer, le moment où je sentais que je pouvais ralentir.

Mon temps et la distance étaient un peu plus élevés que la normal, mais c’était normal, à vrai dire, je ne savais pas du tout si j’avais réellement été plus vite. 5 km/h en plus ? 1000 ? aucune idée. Je me tenais quelques secondes debout tout souriant avant de ressentir comme si on m’arrachait ma cheville à coup tronçonneuse. Je m’écroulais au sol tout en me tenant l’endroit dans mes mains. Malgré ma régénération surhumaine, il me faudrait quelques heures pour que la douleur disparaisse. Un coin de ma tête aurait bien voulu que Lilith continue, mais elle aussi devait être épuisée, il fallait que tout le monde se repose. Je venais m’adosser au mur, ce coup-ci, je laissais mon masque. Je haussais un peu la voix pour qu’Elijaah puisse m’entendre. Lilith aussi, elle était plus proche de moi que l’était mon ami.

« Alors comme ça, toi aussi t’as des pouvoirs ? » disais-je avec un ton neutre au départ, il ne me l’avait jamais dit. J’étais pourtant plutôt proche de lui, mais soit. Ça ne me plaisait pas tellement, mais chacun faisait ce qu’il voulait non ? La partie qui prenait le dessus et qui venait m’agacer était le fait qu’il était là, à paumé au milieu de nulle part, et qu’il serait mort sans notre intervention. Sur un ton bien moins neutre, je lui communiquais plus fortement. « Autant le fait que tu me dises pas que t’as des pouvoirs, ça me fait chier, mais soit, autant que tu t’amuses à jouer les héros tout seul comme ça, tu voulais quoi ? Qu’ont t’enterres demain ? Parce que spoiler, c’était le cas. » avant de venir masser ma cheville douloureuse.

 

« Et vous votre épaule ? » Elijaah acquiesça, un sourire sincère apparaissant au coin de sa bouche « Oui, merci. La balle est toujours dedans alors je vais devoir rapidement aller à l’hôpital et m’expliquer avec mon boss, mais la douleur est supportable. »

La rousse enchaîna avec une nouvelle question plus personnelle. Elle semblait de nature curieuse et le garçon appréciait ça.

« Vous vous connaissez ? »

Elijaah déglutit, tournant rapidement la tête en direction de Wally pour jauger sa réaction et voir s’il pouvait affirmer ou non l’idée de la jeune femme, mais il n’obtint aucune réponse. La vérité semblait alors préférable selon lui. Elle l’avait aidé et lui avait donc sauvé la vie elle aussi, il lui devait bien ça, elle était son alliée.  

« Oui, on se connait. Nous travaillons au même endroit et nous sommes amis. »

Wally s’adossa à un mur avant de parler et d’hausser la voix

« Alors comme ça, toi aussi t’as des pouvoirs ? »

Le ton surpris le garçon, un ton sans grande émotions et presque indifférent face à la situation actuelle. Quelque chose clochait, il connaissait bien Wally après tout. Est-ce que ses paroles cachaient en réalité une quelconque accusation ?  Alors qu’il commença à prendre la parole, il se fit interrompre aussitôt.

« Je… »

« Autant le fait que tu me dises pas que t’as des pouvoirs, ça me fait chier, mais soit, autant que tu t’amuses à jouer les héros tout seul comme ça, tu voulais quoi ? Qu’on t’enterre demain ? Parce que spoiler, c’était le cas. »

Incompréhension, voilà le sentiment qui submergeait Elijaah à ce moment précis. Que voulait-il dire par le fait que c’était le cas ? Est-il… venu du futur pour le sauver ? C’était la seule explication logique à sa phrase.  Concernant le reste,  il n’avait pas à se justifier là-dessus, lui indiquer que ça l’embêtait qu’il ne lui ait rien dit était juste hypocrite. Il soupirait, une profonde tristesse l’envahissant.

« J’étais bel et bien destiné à mourir aujourd’hui, alors. Je… Je suis désolé. Je voulais seulement arrêter cet assassin, c’était important pour moi, vraiment. »

Wally n’était pas au courant pour le sombre passé d’Elijaah : hormis sa famille et son boss qui avait participé à l’enquête durant cette époque et l’avait reconnu lors de son entrée dans la police, personne ne savait. Son passé était un secret qu’il voulait enfuir, loin, mais qui le rattrapait et le poussait à commettre de genre d’erreurs. Il pensait qu’en arrêtant les méchants, il trouverait la paix pour son âme, qu’il devait protéger les innocents qu’importe le prix pour que personne d’autre ne vive ce qu’il a vécu, mais il omettait toujours l’essentiel : sa propre sécurité.  Il reprit la parole, sa voix tremblant un peu tout en croisant les bras, signe instinctif de défense.

« Wally, il y a des choses que tu ne sais pas sur moi, qui me pousse à agir ainsi. Mais ce n’est pas une excuse pour faire souffrir mes proches, dont tu fais partie, j’en conviens. Et… merci. Merci à vous deux d’avoir déjoué le destin pour me sauver.»

Le méta-humain avait confiance en son ami et lui parler du tragique hiver au cours duquel il a failli perdre la vie était un jour inévitable, après tous leurs destin était maintenant lié, mais il n’était pas encore prêt. Simplement car la page n’avait jamais été réellement tournée pour lui, il ne pouvait prononcer à voix haute les actes qu’il a subit autrefois.

« Pour le reste, tu ne m’as pas dit non plus que tu étais kidflash et tu avais probablement tes propres raisons aussi. »

Il marqua une petite pause, puis il recommença à s’exprimer d’un ton plus doux.

« Ecoute, j’ai découvert mes pouvoirs il y a peu de temps et pour la faire simple, je suis tombé dans une cuve de produits chimique lors d’une enquête, une des passerelles s’est effondré quand je suis passé dessus. Depuis… j’ai une sorte de contrôle sur le continuum espace-temps, mais je galère de ouf à comprendre comment les utiliser ces pouvoirs… c’est une vraie énigme ce machin. Et puis surtout… ça m’effraie. » . Il ancre son regard dans le sien. « Je fais quoi si mes proches me rejettent, je fais quoi si je suis viré de la police ? Tout ça… ça représente tout pour moi et les évènements sont arrivés si vite…»

Elijaah souffla un bon coup, il devait reprendre contenance. Il n’avait pas pour habitude de montrer ses failles, d’autant que se trouvait à côté d’une personne dont il ignorait même le nom. Il expira à nouveau et souri alors. Il était en vie, il ne pouvait gâcher cette seconde chance.

Le policier me répond. La balle est toujours dans son épaule, il va donc avoir besoin d'aller à l'hôpital et surtout pouvoir justifier tout ça. Je penche un peu la tête. A-t-il vraiment besoin de le savoir ? J'imagine qu'il pourrait aller se faire soigner dans un dispensaire. Il n'aurait pas besoin de donner son nom. Je souris un peu et je lui dis : « Pas forcément. Les dispensaires ne sont pas trop regardant. Vous passeriez inaperçu ». Il fera bien ce qu'il fait de cette idée. Mais s'il faut, ça ne devrait pas être trop difficile à trouver. Il me répond ensuite en disant qu'ils travaillent au même endroit. Je savais qu'il était policier, mais je ne pensais pas qu'ils étaient dans le même service. Donc, oui, bien évidemment, ils se connaissent. Du coup, je ne comprends pas très bien la réaction du speedster. En effet, Wally s'adresse à l'autre policier. Il est plutôt agressif, enfin il en donne l'impression. Je fronce les sourcils. J'aimerais bien pouvoir le calmer un peu, mais je ne suis pas proche de lui et je n'ai pas très envie de recommencer à me servir de mes pouvoirs. Je me sens encore un peu sonnée. La migraine commence à monter maintenant que je suis plus calme. Je le sens. Je vais avoir une bonne nuit de sommeil. Je me penche un peu vers l'avant en me frottant les tempes, laissant les deux hommes régler leurs histoires. Tant qu'ils ne s'entretuent pas, moi, ça me va. Et je les imagine tous les deux assez civilisés pour se comprendre. Je fais craquer ma nuque tout en les écoutant d'une oreille.

J'ai l'impression de flotter. Je reste là, dans une espèce d'état de flottement. A mi-chemin entre l'excitation et la fatigue. Je suis fière de ce que nous avons accompli : sauvé une vie. Lui-même le dit, il aurait dû mourir aujourd'hui. Eh bien non. Voilà qui est chose faite. Ce sont ensuite des choses assez intimes qui sont abordées, en même temps que des remerciements qui sont offerts. Je souris un peu. Je l'entends vaguement parler de contrôle sur le continuum espace-temps, ce qui devrait me rendre très curieuse mais je suis plutôt focalisée sur mon propre état. Je me sens libérée. Epuisée, mais soulagée. Fière. Et plus forte qu'avant. Et puis, ce n'est pas réellement à moi qu'il s'adresse alors, je me contente de me redresser en rouvrant les yeux. Je ne m'attendais qu'à du noir. Apaisant face à cette migraine qui débute. Mais en réalité, le noir n'est pas totalement noir. Il est... il est différent. Il est... flou ? Comme si quelques rayons lumineux traversaient l'obscurité. Alors je baisse le regard sur l'endroit où je pense être mes mains. Et il se passe quelques secondes. Quelques secondes pendant lesquelles je ne vois rien de plus que des espèces de flash lumineux. Jusqu'à ce que finalement, les choses se dessinent un peu mieux. Je souffle pour moi-même : « J'hallucine... » alors que je commence à voir mes doigts écarter se dessiner de mieux en mieux. Je cligne plusieurs fois des yeux, pour tenter d'ajuster tout ça, mais cela reste toujours très flou. Trop flou.

Mais finalement, les choses changent. Et quand je relève les yeux sur les deux hommes, je les vois. Je les vois dans la pénombre, certes, mais je les vois bel et bien. L'espace d'un instant, mon cœur s'arrête de battre, avant de repartir de plus belle. Si vite, que j'en aurais le tournis si je n'étais pas appuyé contre un mur. Je me redresse et je m'approche d'eux. Mon regard passant de l'un à l'autre pour les détailler. Wally est tel que je l'avais déjà vu par les yeux des autres. Mais c'est un plaisir de pouvoir le détailler avec les miens. Il semble plus net, moins reconstitué de plusieurs images. Je n'avais pas remarqué la saillance si franche de ses pommettes. Quant à l'autre policier, Elijaah, je le vois bien plus clairement à présent. Ses questions sont justifiées, ses peurs également. Je souris un peu et je dis : « J'imagine que vous êtes à égalité, vous étant caché à l'un à l'autre vos dons hors du commun. Difficile de vous reprocher quoi que ce soit dans ce cas ». Je tourne un regard appuyé vers Wally tout en disant cela. Je le trouve un peu cavalier de reprocher cela à son ami alors que lui non plus n'a rien. Je me tourne vers Elijaah et je lui dis : « Autant que possible, il vaut mieux garder cela secret, ne pas trop attirer l'attention sur vous. Mais avertir les proches en lesquels vous avez confiance vous permettra d'avoir du soutien. Et surtout de leur permettre à eux de se protéger si d'aventure vous vous lancez dans une carrière de justicier masqué... Ils sauront à quoi s'attendre ». Je ne suis pas sûre d'être très claire dans mes propos. Protéger les gens n’est pas facile, on ne peut pas être partout. Mais si les gens savent ce qui les attend, alors ils peuvent être vigilants eux-aussi. Savoir que quelqu’un pourrait potentiellement nous démasquer comme super héros pousserait nos proches à faire attention à ce qu’on ne s’en prenne pas à eux pour nous atteindre nous. Finalement, je m'approche un peu de Wally passant ma main dans ses cheveux et je dis : « Je ne t'imaginais pas si ... roux ». J'avais eu plus l'impression qu'il était auburn à bien y regarder, avec mes propres yeux, je me rends compte qu'il est presque aussi roux que moi...

J’étais toujours assis, mon dos contre un mur, ou quelque chose d’assez solide pour me maintenir droit, j’essayais de ne pas penser à la douleur. Je me concentrais plus sur les paroles d’Eli pour essayer d’oublier tout ça. Je laissais Eli expliquer à Lilith qu’on se connaissait déjà, depuis le travail . Mais aussi du fait que nous étions amis à l’extérieur. Puis, je me rendais compte qu’il avait mal compris mes propos, j’avais dit ça dans le but où nous, nous avions été entraîné. Lilith beaucoup moins, mais j’avais été pendant quelques années sous la tutelle de Flash, j’avais pu découvrir le monde des héros par ce biais, et ne pas être lâché dans le bain comme ça. Lilith avec peu d’expérience, j’essayais de compenser, même si elle était plus mature et réfléchie que moi, je ne voulais pas que quelque chose lui arrive. C’était là que je voulais en venir. Mais il avait raison sur certains points. Comme sur celui que je ne connaissais pas son passé. Je ne voulais pas faire de scène, surtout pas après ce qui venait d’arriver, alors je concluais juste. « Tu sais quoi, c’est pas grave, on en discutera à tête reposée. Mais pour tes pouvoirs. J’peux te comprendre, j’ai pensé pareil. Mais j’avais Flash. Ce que je voulais dire, c’est que t’as pas eu d’entraînement, c’est pas aussi simple. Si tu veux faire ça, laisse moi au moins d’aider. » finissais-je en le fixant.

Mon regard partait sur Lilith, lorsqu’elle annonçait qu’elle hallucinait. Je fronçais les sourcils, j’essayais de comprendre. Je la voyais cligner des yeux. Comme si elle voyait. Comme si elle reprenait la vue. Je roulais des yeux à sa remarque, c’était plus compliqué que ça, mais je n’allais pas envenimer la situation c’était déjà assez le bordel comme ça, je n’avais pas besoin d’ajouter ça. Il y avait du vrai dans ses paroles. Mais ce n’était pas aussi simple, c’était pas qu’une simple confiance, d’expériences personnelles, je savais que je préférais cacher l’identité plutôt que de la dire.  Pas parce que je faisais pas confiance, mais au contraire, je ne voulais pas qu’ils aient ce fardeau à porter. Le fait que la rousse avait l’air d’avoir retrouvé la vue me semblait plus qu’étrange, mais en voir par sa réaction et le fait qu’elle était complètement okay avec ça, faisait partir mes quelques derniers doutes.  Elle s’approchait de moi, passant sa main dans mes cheveux, m’attrapant un petit sourire. Avant d’ajouter qu’elle ne me voyait pas si roux. Je regardais ses yeux, tout en ajoutant. « Désolé de te décevoir. » Je venais poser ma main sur son épaule. « C’était pas mal pour une première. » J’essayais de me relever évitant de mettre trop de poids sur mon pied. J’attrapais Lilith pour m’aider à être bien droit. Je regardais Eli’. « On te laisse appeler des renforts, et on se rejoint chez moi dans quelques heures ? Oublie pas de passer à l’hosto.  » Avant de commencer à partir doucement d’ici aux côtés de Lilith. Une fois hors de portée, je lui ajoutais. « On forme un plutôt bon duo non ? ». Mais ce duo venait de s’agrandir. Avec l’arrivée de Paradox dans l’équipe.