First and last night

Il est minuit. À cette heure-ci, la plupart des familles ont depuis longtemps trouvé le sommeil... Mais la ville, elle, ne dort jamais.
Star City n'est pas peuplée uniquement d'honnêtes gens : si les quartiers les plus aisés sont relativement épargnés par le crime, ce n'est certainement pas le cas des quartiers pauvres.

Et en matière de pauvreté, les Glades sont devenus un cas d'école. Bâtiments insalubres et criminalité record ont forgé la réputation de ce quartier que tout le monde préfère éviter... Et de façon plus globale, dont tout le monde préfère oublier l'existence. Les flics n'y patrouillent plus et les politicards ont abandonnés la ville à la mafia depuis bien des années remontant à bien avant ma naissance...

Puisque plus personne n'applique la justice dans ce foutu coupe-gorge, c'est moi qui vais m'en occuper. Je dois donner une leçon à tous ceux qui s'imaginent pouvoir faire ce qu'ils veulent depuis que les forces de l'ordre ont lâché l'affaire. Et ça commence maintenant...

Etape n°1 : les dealers de drogue et les petites-frappes.

Ce sont les plus faibles et les plus lâches. Pour la plupart, des gamins en mal d'argent qui volent ou deal pour survivre. Et même si je suis parfaitement conscient que les moyens de gagner sa vie honnêtement manquent dans les glades, je dois leur faire comprendre que vivre au dépend de la misère des autres n'est pas une solution.

Je me cherche une cible et malheureusement, je ne tarde pas à en trouver une. C'est un peu triste, mais trouver un dealer dans ce quartier à l'air presque plus simple que de trouver un vendeur de Hot-dog.

Sortant de la pénombre je m'approche de lui lentement, dans son dos. Son client m'a vu et ne tarde pas à décamper : mon petit numéro à fait son effet. Pour le moment tout du moins...

- C'est fini pour ce soir mon gars. Tu plies bagage et tu rentres chez toi sans faire d'histoire... On s'en tiendra là pour le moment. Mais si je te revois traîner dans les coins et refiler ta merde, je me montrerait certainement moins sympathique. Pigé ?

Voilà, ça c'était pour la méthode douce. J'aurais voulu vous dire que j'étais convaincu à cent pour cent que ça suffirait, mais je n'y croyais guère. Ces types se sentaient tout puissant et cela faisait bien trop longtemps que personne ne leur avait réellement mis de bâton dans les roues.

- Tu t'prends pour qui papy ?! Dégage avec ton attirail de carnaval et ta barbe de bouffon avant que j'te plante !

Un cran d'arrêt ? Si cette ville n'avait rien de mieux à m'opposer, l'éradication du crime serait moins difficile que prévu. J'étais bien entendu conscient que ce ne serait pas toujours aussi simple, mais l'espace d'un instant, je m'étais pris à rêver que des merdeux équipés de couteaux constitueraient l'essentiel du crime organisé des Glades.

Sans lui laisser temps de bouger, je lui attrape le poignet et lui serre de telle façon qu'il laisse tomber son canif, avant de lui asséner un bon coup du plat de la main dans la tronche. Certainement pas assez puissant pour le mettre K.O mais largement suffisant pour le faire saigner un peu du nez et lui flanquer les chocottes...

- Putain mais t'es taré ?! Espèce de malade !

Le premier message était envoyé... Et je ne comptais pas m'arrêter là. J'avais consacré tout le reste de la soirée à réitérer le même gens d'opération, interceptant dealers, voleurs de sacs, voleurs de voitures et casseurs pour leur infliger la correction qu'ils méritaient.

Mais le problème quand on shoote un peu trop de fois dans un nid de frelon c'est qu'on ne tarde pas à affoler toute la colonie. Sur l'île j'étais dans un milieu hostile et sauvage : disparaître et ne pas être retrouvé était facile.

Ce n'est pas le cas dans une ville. Elle a des yeux et des oreilles partout, même lorsqu'on s'imagine être invisible. Le bouche à oreille joue énormément et en quelques heures, tout ce sait. Après mon petit boulot de nettoyage, les vermines n'ont pas tarder à aller faire leurs rapports à leurs chefs... Qui de leur côté ne se sont pas privés pour prendre les dispositions qui s'imposaient.

Perché sur un toit, je ne tarde pas à entendre siffler une balle... Puis une autre, et encore une autre. Dans la pénombre je ne vois pas grand chose, mais à en juger par le bruit c'est au moins un peloton d'une dizaine de types armés qui me canardent. Je suis piégé.

Si je sors de mon abri, je me retrouverais transformé en passoire en moins de deux et l'endroit où je me trouve est beaucoup trop à découvert pour que je puisse disparaître. J'ajoute à cela que des renforts sont déjà très certainement en train de monter tous les étages du bâtiment sur lequel je me trouve pour venir me déloger de mon perchoir. J'ai beau être malin, un arc et des flèches ne suffiront pas à lutter contre des fusils d'assaut et des calibre 12...

Trois ans à survivre sur une île déserte face tout un gang de mafieux et je vais mourir après ma première nuit de patrouille ? Le destin a parfois ses facéties qui ne cesseront jamais de m'étonner.

Quoiqu'il en soit je ne me rendrai pas sans combattre. Je dégaine trois flèches de mon carquois, prêt à moucher les premiers imbéciles qui passeront la porte : de là où je suis je ne peux pas les rater. Et malheureusement, la réciproque est vrai...

Deux minutes tout au plus, c'est tout ce qu'il me reste à vivre.

Trois flèches me séparent d'une mort peu glorieuse...

Je tire un coup, puis un autre, m'attendant à finir truffé de plomb d'un instant à l'autre. Mon cœur bat la chamade et mes nerfs sont sur le point d'exploser alors que j'appréhende le vacarme des armes qui se mettront bientôt à crépiter...

Pourtant, le silence règne toujours en maître. Seul le bruit de mes deux traits me parvient. J'ai fait mouche c'est sûr, mais je ne comprends toujours pas pourquoi les autres pistoleros n'ont pas rétorqué.

Prudemment, je quitte ma cachette sans baisser ma garde, préparant une flèche au cas où. L'arrêt des hostilités me laisse certes un temps de répit mais cela ne signifie pas pour autant que le combat est terminé : je suis trop souvent tombé de Charybde en Scylla pour relâcher ma vigilance en croyant que le danger est passé. Rapidement, je balaye la zone du regard pour pour tenter de comprendre ce qui vient de se passer... Et bon sang, je ne suis pas déçu ! Tous mes assaillants sont désarmés, assommés et ligotés. Je ne suis pas bien sûr de saisir exactement le pourquoi du comment mais une chose certaine : ce ne sont pas mes deux flèches qui étaient responsable de tout ça.

Non : il s'agit d'un homme vétu d'un étrange costume rouge. Inconnu au bataillon... Ou peut-être pas en fait. Je l'avais déjà vu quelque part sans arriver à me rappeler où.

- Ne tirez pas ! Vous pouvez baisser votre arc, la situation est sous contrôle.

Ça y est ! Ça me revient... Je l'ai vu au journal télévisé. Enfin "vu" est un bien grand mot. Tous ce que les caméra ou les appareils photo arrivent à capter de lui en général, c'est une traînée rouge et des éclairs.

Flash.

D'habitude il travaille à Central City, je me demande ce qu'il vient faire ici... Une envie de changer de cadre peut-être ?

Difficile de comprendre pourquoi. Central, c'est plutôt coolos comme patelin... Presque la campagne par rapport à Starling City. Il y a de la délinquance, comme dans toutes les villes, mais rien à voir avec les Glades. Qu'est ce qui peut pousser un type des villes-joyaux à venir se perdre dans le quartier les plus pourris de la métropole ?

- Je vois ça oui... La télé n'exagérait pas quand elle disait que vous étiez un rapide. Je ne voudrais pas passer par un ingrat étant donné que je vous dois la vie mais qu'est ce qui vous amène si loin des villes joyaux ? Ne me dites pas que vous êtes venus faire du tourisme dans les glades ?

Je ne vois guère qu'une explication possible : il cherche quelqu'un ou quelque chose de précis. Et quoique ce soit, c'est ici à Starling City...

- J'ai une sacrée dette envers vous... Alors aussi dérisoire que soit l'aide que je peux vous apporter, je vous la propose quand même de bon cœur.

Tout en parlant, je récupère les deux traits que j'ai lancé quelques minutes plus tôt : autant éviter du gaspillage inutile... Et puis quelque chose me dit que je vais encore avoir besoin de flèches pour ce soir.

Captain Boomerang ? Sérieusement ? Quel Bad Guy digne de ce nom peut choisir un pseudonyme pareil ?! Ca passe déjà à peine pour un artiste de cirque, alors pour un criminel recherché c’est… Parfaitement ridicule.

Ceci dit, si ce type vaux la peine qu’un homme plus rapide qu’un avion de chasse se lance à sa poursuit, je me dois de le prendre au sérieux. Les boomerangs sont de base une arme destinée à la chasse, et je ne doute pas une seule seconde qu’un type adroit peut en faire quelque chose de mortel. N’en avais-je pas fait autant avec une autre arme de chasse après tout ?

- Bien, alors Green Arrow, commençons par quitter cet immeuble et ne connaissant pas la ville, je vous suis. On peut peut-être se tutoyer non ?

C’est assez amusant de voir qu’au-delà du côté mystérieux qu’il dégage avec son costume et sa super-vitesse, Flash est au final un type assez… Ordinaire. Le genre de gars sympa et chaleureux qu’on peut croiser un peu partout. Une couverture idéale en fait : qui soupçonnerait ce genre de bonhomme d’être un super-héros masqué ?

D’ailleurs qu'est-ce qui a pu le pousser à devenir un justicier ? Même avec ces super-pouvoirs, un type lambda comme il semble être se serait contenté de garder ça pour lui et de s’en servir simplement dans la vie quotidienne… Quelque chose l’a t-il poussé à mettre ses capacités au service de la justice ?

Enfin… Les questions d’ordre psychologique attendront. Dans l’absolu ça ne me regarde pas et nous avons de toute façon mieux à faire pour le moment.

- Oui bien sûr… Nous sommes un peu collègues après tout. Et puis quand on sort déguisé en clown, j’imagine qu’on peut se dispenser des civilités de base, ajoutais-je en riant.

Si ce « boomerang » est dans la ville et qu’il est un tant soi peu réputé, les loubards doivent en savoir quelques choses. Des loubards dans le genre de ceux que Flash venait d’humilier quelques secondes plus tôt…

-  Bon je pense qu’on peut retrouver ton client… Si on procède intelligemment. Même avec ta super-vitesse, tu n'arriveras pas à le repérer s’il s’est planqué dans un trou suffisamment profond. Et dans cette ville ce n’est pas ce qui manque…  Mais en matière de planques, on a toute une flopée d’experts juste devant nous. Pressons un de ces gros fruits et voyons ce qu’il en sort.

Je prends un de nos prisonniers encore assommé sur mon épaule, l’amenant tout en bas de l’immeuble… Dans les toilettes plus précisément. Je le saisis alors par la nuque, lui plongeant la tête dans la première cuvette venue. C’est un peu bas comme vengeance mais ça fait du bien…

Forcément le réveil est difficile pour notre belle au bois dormant de circonstance… Et la suite ne va pas être spécialement plus agréable.

-  J’ai des questions. Plus vite tu y répond, et plus vite on en aura fini.

Un autre petit aller-retour dans la cuvette, juste histoire de montrer que je ne suis pas là pour rigoler.

- Putain espèce de malade ! Qu’est ce que tu me veux ?!!!

La mise en condition est faite : maintenant on va pouvoir entrer dans le vif du sujet. Mes méthodes peuvent sembler brutales, surtout à un petit gars comme Flash et je déplore qu’il ait à voir ça. Malheureusement c’est comme ça que ça marche avec ce genre de type…

- Des réponses. Je cherche un dénommé « Boomerang », ça te dit quelque chose ?

- Lâche moi mec, j’en sais rien, je le connais pas ton type !

Deuxième plongeon. Et je tire la chasse en prime histoire de le remuer un peu.

- Je répète ma question. Captain Boomerang, un tocard de Central City ! Il est à Starling et je suis sûr que tu sais où !

Je le laisse un peu réfléchir. À mon avis il va se mettre à table… Si tant est qu’il sache quelque chose. Je lui ferai refaire deux ou trois aller-retour s’il ne parle pas, histoire d’être sûr que ce n’est pas du pipot, et puis je le laisserai tranquille.

- Oui, oui attend… L’australien. Une grande gueule… Il s’est barré d’Iron Heights, mais c’est un vrai con. Le mec se la raconte tellement que tous les gangs de la ville sont au courant de sa cachette… Il se planquerait dans les glades, dans l’ancienne usine de Merlin Global. Il a toute une bande à son service qu’il a recruté avec du pognon volé lors de son dernier coup… Mais j’en sais pas plus… Tout le monde pense qu’il prépare un truc.

Bon et bien c’était moins compliqué que je ne le pensais… Une chance que notre cible soit assez stupide pour se montrer aussi peu discrète.

- Merci pour ta contribution l’ami… Et bonne nuit.

Je l’assomme une fois pour toute sur la faïence des toilettes, veillant toutefois à ne pas taper trop fort pour ne pas lui briser le crâne. Même si c’est une ordure sans foi ni loi, ce n’est pas à moi de décider de son sort. Sur l’île les choses étaient différentes : c’était tué ou être tué. À Starling City, c’est à la justice de décider.

Je me retourne vers Flash. Même si je doute que tout ça lui ait plu, au moins ça n’a pas été inutile… En fait ça s’est même révélé étonnement efficace :  espérons que le type n’ait pas menti. Ou pire qu'il nous mène tout droit dans un traquenard. J’en doute mais bon… On ne sait jamais.

- Bon et bien on dirait qu’on a notre destination. Je te donnes la route et tu me déposes ?