T'es qui, toi ? Parce que t'es bizarre... Feat Arthur

T'es qui, toi ? Parce que t'es bizarre... ft Arthur

2001, Amnesty Bay

Je me souviens de ce jour comme si c’était hier. C’était la première fois que papa acceptait de m’amener avec lui en tournée. Evidemment, j’étais déjà venue avec lui pour certains spectacles, mais toujours aux abords de Gotham, jamais plus loins qu’une centaine de kilomètres. En vérité, c’était surtout maman qui ne voulait pas, soit disant parce que c’était trop de route pour une petite fille et que ça allait me faire rater l’école, ce qui était hors de question. A l’époque, je clamais haut et fort que j’étais déjà grande, ce qui, admettons le, était totalement faux. Ma mère avait raison, comme bien souvent. Pourtant, cette fois-là, la tournée tombait pendant les vacances scolaires, et, comme j’avais lors neuf ans et approchais donc de ma première dizaine, j’avais eu le droit d’accompagner papa. Je ne savais pas comment il avait fait ce miracle, surement encore de la magie, mais j’étais folle de joie de pouvoir l’accompagner aussi loin, surtout qu’il devait longer la côté et, comme j’adorai la mer, il m’avait promis de m’emmener me baigner dès qu’il en aurait l’occasion. J’avais préparé ma valise en chantant à tue tête, et maman m’avait regardé avec un petit sourire, heureuse de me voir aussi contente même si elle appréhendait un peu de rester loin de moi autant de temps, même si mon père ne cessait d’essayer de la rassurer en lui expliquant qu’il ne se séparait jamais de moi. Ce qui était vrai, d’ailleurs : il ne m’avait pas laissé de toute la tournée ! La journée, il m’amenait aux répétitions, qui se déroulaient le matin, et, l’après-midi, il donnait quartiers libres à tout le monde et me faisait visiter les villes dans lesquelles on s’était arrêté. Il était, comme toujours au final, aux petits soins pour moi, pour son trésor, comme il aimait m’appeler. Je n’avais jamais fait aucun voyage aussi génial que celui-ci : je voyais tout les soirs le spectacle de ce père que j’admirais tant, je voyais du pays, je mangeais ce que je voulais, j’étais gâtée et en plus je pouvais me coucher tard ! Autant dire que pour une petite fille de neuf ans, c’était le paradis.
Ce jour-là, j’avais passé l’après-midi à la plage, m’amusant dans les vagues et faisant des concours d’apnée avec mon père. Evidemment, il gagnait à chaque fois, mais je savais qu’il trichait ! Il utilisait sa magie, et il m’avait promis de m’apprendre lorsque je serai plus grande. Il ne cessait de répéter que la magie s’apprenait pas à pas, que je devais être patiente et apprendre à la maîtriser petit à petit. Mais il disait aussi que j’étais précoce et m’entraînait parfois en douce, sans le dire à maman, ce qui me faisait rire. Après cela, nous étions rentré à l’hôtel pour nous laver et nous préparer pour la soirée. Une fois que mon père avait passé son costume de scène, nous allions manger dans un restaurant choisi par mes soins, évidemment pour ensuite aller à la salle de spectacle. Une fois mon père en coulisse, il demandait à Marc, son costumier et la personne la plus gentille du staff, de m’accompagner au premier rang et de rester avec moi. Marc était d’origine française et adorait essayer de m’apprendre le français lors de l’attente et de l’entracte, ce qui le faisait bien rire tant je n’étais pas très douée. Une fois que le spectacle commençait, je me mettais debout contre la scène, des étoiles plein les yeux. J’avais beau le voir encore et encore, j’étais toujours aussi fascinée et émerveillée par les tours de magie de mon père desquels je tentais de perçait le mystère.
Evidemment, je n’étais jamais la seule à m’émerveiller devant ce spectacle, puisque c’était d’ailleurs son but premier. J’avais donc pris l’habitue de guetter autour de moi les réactions des gens, leurs sourires, leur surprise… Ce jour-là, à Amnesty Bay, je me tournai pour regarder les gens autour de moi quand je sentis quelque chose d’étrange en moi, comme une alerte qui s’allumait. Il y avait un garçon pas loin de moi, et je savais qu’il avait quelque chose en plus des autres, quelque chose comme ce que mes parents et moi avions : une force magique, un pouvoir, n’importe quoi qui faisait de lui un être différent. De là où j’étais, il semblait pourtant tout à fait banal, et personne n’avait du remarquer ce que moi je sentais… Sans le vouloir, je le fixais depuis quelques minutes déjà.

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T'es qui, toi ? Parce que t'es bizarre... ft Arthur

2001, Amnesty Bay

Une fois le public installé, et il était composé de vraiment beaucoup de personnes ce soir-là, sous ce chapiteau, les lumières s’éteignirent. Le silence se fit et je sentais l’excitation des gens autour de moi monter, enfin surtout celle des enfants. Tout le monde aimait les spectacles de magie, surtout ceux de mon père, mais c’était quelque chose de plus incroyable encore pour des enfants. Depuis tout petits, on leur racontait des contes fées dans lesquels la magie règne souvent en maître, alors il était normal de voir leur regard émerveillé devant de tels numéros. J’avais remarqué que les adultes aussi avaient ce regard, enfin la plupart, puisque certaines étaient plutôt du genre blasé, cherchant désespérément ce qu’ils appelaient « le truc » plutôt que de profiter simplement du spectacle qui s’offrait à eux. Mon père m’avait souvent expliqué que les adultes avaient souvent du mal à comprendre la magie, qu’en grandissant ils s’étaient fermé à cette possibilité d’un monde merveilleux juste à côté du leur et qu’ils ne comprenaient donc pas réellement l’essence de cet émerveillement. J’espérais ne jamais devenir comme eux, mais quelque chose me disait, surement grâce à mes pouvoirs, que ce ne serait pas mon cas.
Marc me conduit à une place, non loin de la scène mais pas trop proche non plus, pour pouvoir vraiment profiter du spectacle, m’éloignant donc du jeune homme brun qui avait déclenché cette alarme étrange en moi. Un roulement de tambours résonnait, montrant que le spectacle allait démarrer quelques instants plus tard. Le spot lumineux fit alors apparaître un homme, grand et fort, au centre de la scène : John Zatara, mon père, le magicien que tout le monde était venu voir. L’homme brun commença alors un tour, un des plus simples et basiques, puisqu’il désirait montrer peu à peu en puissance et en démonstration au cours du spectacle. Alors qu’il commençait à jouer avec une colombe, classique mais efficace, je sentis un regard sur moi et me tournais vers celui-ci. Je croisais alors le regard du jeune homme de tout à l’heure. Il était assis à seulement quelques places de moi. Il me regardait, et je ne pus m’empêcher de le sonder. Il était venu avec son père, qui lui avait offert ces places pour son anniversaire, visiblement. Il était assez excité d’être là, de voir ce spectacle, et semblait admirer mon père, ce qui me fit légèrement sourire. Il était brun, la peau un peu matte, grand, en même temps comparé à moi ce n’était pas difficile. Il avait un regard déterminé, presque déjà trop mature pour son âge, comme s’il avait déjà vécu des choses difficiles, ce qui était surement le cas, je le sentais.
J’entendis les acclamations du public lorsque mon père finit son deuxième numéro, ce qui me sorti de mes pensées. J’étais restée le regard fixé sur ce garçon de longues minutes sans même m’en rendre compte. Il y avait quelque chose chez lui que je reconnaissais. Ce n’était pas un humain lambda, je pouvais le sentir. Etait-il comme moi et mes parents ? Etrangement, son père semblait tout à fait normal, je ne sentais rien en lui de particulier. Qui était-il ? Ou qu’était-il ? « Zatanna, tu ne regardes pas le spectacle ? » me demanda alors Marc, me faisant enfin détourner le regard. « Si si, c’est juste que… » dis-je sans jamais finir ma phrase. Juste que quoi ? Qu’il y a un jeune homme qui est comme moi ? Que je comprends enfin, grâce à une preuve claire, que je ne suis pas si seule que ça ? Je regardai alors le spectacle de mon père tout en jetant parfois de rapides coups d’œil à quelques sièges de moi…

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