(Kelsey) To protect and serve

La journée est plutôt belle. Le soleil brille et il réchauffe l’air, suffisamment pour rendre ka température agréable, pas assez pour qu’il fasse trop chaud. Parmi les nombreux avantages d’avoir retrouvé la vue, il y a le fait de travailler bien plus aisément et bien plus vite que lorsque j’étais aveugle. Voir mes collègues plus facilement, pouvoir échanger avec eux avec plus de fluidité. Et finalement leur montrer que je ne suis pas si bizarre que ça. Ils le pensaient tous un peu. Et ils pensaient que j’étais lente. Intéressante professionnellement mais trop lente pour une ville comme New York. Quelques mois plus tard, j’ai augmenté ma cadence de travail progressivement jusqu’à mon maximum. Le temps de prendre ses marques. Voilà ce qui reste dans les esprits. Ce qui me va très bien. Je me fiche que l’on ait pu penser que j’étais lente, ils n’ont jamais pensé que j’étais inefficace et à présent tout est pardonné et tout le monde s’y retrouve. Ce qui me va très bien. Et bien sûr, j’ai le plaisir de pouvoir profiter des lieux par mes propres moyens, de voir les choses, d’apprécier les vues et les paysages. Sans avoir à utiliser les yeux des autres. Sans avoir à entendre de voix parasites. Juste moi dans mon esprit. Ma télépathie est en veille depuis un moment. Lorsque je n’en ai pas besoin, j’évite de m’en servir, cela est toujours un peu perturbant, même si je suis habituée à présent. Je préfère être seule dans ma tête, c’est plus agréable. La fin de journée s’annonce et c’est bientôt l’heure pour moi de fermer mes dossiers. Mes derniers rendez-vous ont été plutôt tranquille, j’ai pu prendre mes notes d’entretiens et actualiser mes dossiers, vérifier que les différentes démarches administratives étaient bien faite et finalement quitter le boulot un sourire aux lèvres plutôt sereine. Et plutôt que d’aller m’enfermer dans le métro, j’ai préféré marcher comme à chaque fois qu’il fait suffisamment beau pour le faire, profitant même pour faire quelques courses : un nouveau roman puisque j’ai terminé celui que j’ai en cours, une revue médico-sociale, et un arrêt par l’une de mes boutiques de cosmétiques préférées pour racheter un shampoing un peu plus naturel que ceux trouvés en magasin. Difficile dans notre pays, mais pas impossible ! Après quelques minutes à parler avec la vendeuse des nouveautés, je paye mon achat et rejoint la rue, un sourire aux lèvres, comme presque tout le temps depuis que j’ai retrouvé la vue. La disparition de Wally m’a affectée, mais cela ne m’a pas empêché d’être vraiment heureuse d’avoir retrouver ma vue.

La seule chose qui pourrait peut-être entamer mon moral est le comportement qu’il a à mon égard depuis son retour. Si le jour même il s’est montré normal, puis triste d’avoir retrouvé ses souvenirs, depuis il est distant avec nous. Avec moi. J’essaie de ne pas trop y penser, parce que je ne veux pas me laisser abattre, mais le fait est que j’en suis attristée. C’est étrange. Je ne le devrais pas, nous ne nous connaissons pas depuis si longtemps… mais je ne sais pas, je l’apprécie. J’imagine qu’il aurait pu y avoir plus entre nous. En tout cas, l’idée ne semblait pas saugrenue. Et le courant passait suffisamment pour ça. Passait. Parce que ce n’est plus le cas. Et même si je fais beaucoup d’efforts pour essayer de comprendre, c’est difficile d’y parvenir et surtout difficile de le faire changer d’avis. Je reste présente, parce que pour moi, les Titans ne peuvent pas réellement exister sans lui. Après tout, il fait partie de notre équipe, et quoi qu’il puisse penser, c’est un héros. Il a l’âme qu’il faut pour l’être. S’il y a eu des ratés, peut-être est-ce à nous de tout faire pour que cela ne soit plus le cas. C’est dangereux, j’en conviens de vouloir modifier la timeline. Mais ce qui doit arriver n’est pas figé. L’avenir dépend de nos choix. De nos envies. Et avoir une indication nous permet de savoir si l’on veut suivre une voie ou au contraire en privilégier une autre. C’est une chance de ne pas faire deux fois les mêmes erreurs et je doute que cela ne soit la bonne solution. Mais le speedster est têtu et difficile à raisonner. Je soupire un peu et m’apprête à traverser quand je vois un garçon – un adolescent – courir poursuivit par un groupe de garçons du même âge. Intriguée je les suis jusqu’à une ruelle. Le groupe semble bien décidé à passer à tabac le garçon isolé et acculé dans un cul de sac. Lorsque l’un d’eux s’apprête à le frapper pendant que deux autres le tienne, je me signale d’un : « 5 contre 1… Voilà qui n’est pas très reluisant… Et si vous alliez voir ailleurs avant que je n’appelle la police ? ».  Visage à découvert, je ne suis qu’une fille qui passait là par hasard, n’est-ce pas ? Les deux garçons restant se tournent vers moi. Ils sont plutôt bien bâtis pour des adolescents. Des joueurs de football sans doute. L’un me détaille et sourit moqueur en disant : « Tu devrais t'en aller et te mêler de tes affaires, c’est fou ce qui peut arriver aux jolies filles comme toi dans les ruelles sombres ». L’autre s’avance menaçant. Je roule un peu des yeux et je leur dis : « Je devrais m’en sortir, ça ira. Et vous, des garçons de bonnes familles, entretenus par papa-maman, vous pensez vous en sortir dans un centre de détention pour mineurs ? J’espère que vous aimez les douches, il paraît que c’est le meilleur moment ».  Quand l’un d’eux s’apprête à m’attraper, j’entre dans son esprit et d’un ordre simple, détourne son geste. Il assène alors une violente droite à son comparse sous les regards médusés des trois autres. Incrédule, celui qui vient d’encaisser un coup s’attrape la mâchoire et dit : « Qu’est-ce que tu fous bordel ? Choppe là cette petite conne ! ». Sonné, ne semblant pas comprendre ce qu’il vient de lui arriver il se tourne cependant à nouveau vers moi.

Une voix féminine résonne dans la ruelle ce qui me fait tourner la tête. Une fille est là, cheveux long, roux, lunettes et costume de super héros. Un costume qui me dit quelque chose sans que je ne puisse pas vraiment remettre le doigt sur quoi. Quand elle disparait et neutralise l'un des premiers types qui semblent vouloir en découdre, je ne peux que comprendre. Speedforce. Encore une ? Je ne savais pas qu'il y avait une autre fille capable de maîtriser la speedforce. Wally ne m'en a jamais parlé. Je n'en ai jamais entendu parler. Pourtant cette fille est en costume. Elle semble plutôt bien se maîtriser. Je savais qu'il y en avait une. Jesse Quick. Mais je n'avais pas connaissance de quelqu'un d'autre. Je pensais tous les connaître. A l'évidence, je me trompais. Pourquoi Wally m'aurait-il caché son existence ? Dois-je m'en inquiéter ? Peut-être. Je ne sais pas trop. Surtout vu son état d'esprit en ce moment... Enfin... ce n'est pas comme si nous étions en couple. Et même là, il ne serait pas obligé de m'en parler... Mais alors… Pourquoi ai-je cette désagréable sensation d'être jalouse ? D'une fille que je ne connais même pas... Je ne sais pas. Je secoue la tête pour essayer de me concentrer sur ce qui se passe. D'ailleurs, très vite un deuxième gars rejoint son collègue sur la touche. Ils n'en mourront pas. Tout au plus un ou deux os brisés. Elle leur fait face, s'adressant à eux. Ils ne sont plus que trois. Mais ils ont l'air de vouloir se défendre. Ils se regardent tous les trois et semblent se coordonner. Deux d'entre eux se dirige vers la nouvelle venue qui semble plus inquiétante que moi vu ses capacités apparentes. L'autre s'avance vers moi. Mais il n'est qu'un type normal, sans grande résistance mentale. C'est donc plutôt facile de l'immobiliser, prenant le contrôle de son esprit et l'empêchant de penser à ses propres actions - même inconsciemment - le regardant avec un sourire en coin, avant de me tourner vers les deux autres.

L'idée me vient un peu de nulle part. C'est une entreprise risquée mais pourquoi pas. Je créée une passerelle mentale entre les deux esprits et j'échange leurs pensées. Cela commence par leur créer une migraine et tous les deux s'arrêtent en grognant sous l'onde désagréable. De mon côté, je sur forcée d'amplifier un peu mon contrôle. Les gestes sont saccadés. A chaque fois que l'un pense esquisser un geste, c'est l'autre qui le réalise. Tels de pantins désarticulés, ils tentent d'empoigner Kelsey, mais chacun luttant contre les gestes qui ne sont pas les siens, cela ne donne rien de très concluant. Et très vite, les deux idiots se retrouvent à s'écrouler sur le sol, secoués de petits tressautements. Je sors de leurs esprits et vacille un peu. L'immobile retrouve ses gestes et je ne peux esquiver son coup qu'en me décalant de plusieurs pas. Emporté par l'élan soudain du mouvement retrouvé, il rejoint ses compères du crime au sol. Ils ne comprennent pas ce qu’il vient de se passer. En même temps, c’est pour le moins étrange, n’est-ce pas ? Qui pourrait vraiment attester qu’il s’est passé quelque chose ? Je roule des yeux en me moquant : « Eh bien messieurs… Incapables de tenir sur vos jambes ? ». Je regarde le gamin qui tout le temps est resté un peu figé, un peu terrifié, se demandant à quelle sauce il allait être mangé. Je me contente de lui sourire avec douceur et je lui dis : « Aller file, rentre chez toi… ». Le voilà sain et sauf. Enfin. Il profite de l’instant de flou pour s’enfuir, nous contournant soigneusement un peu méfiant. Nous nous retrouvons bien vite avec les cinq agresseurs. Et déjà tous commencent à se relever, très énervés d’avoir été ainsi tournés en ridicule. Ont-ils vraiment encore la force de vouloir nous affronter ? Je regarde vers la speedster. J’imagine qu’elle n’aura pas trop de mal à tous les neutraliser. J’espère qu’elle le fera sans leur faire de mal.