-- ( as the stars fall down )

Londres, ça remonte à loin. L'odeur du ragoût de sa mère qui lui chatouillait les narines aussi. La campagne et ses vertus, l'idée d'une famille heureuse. C'était pas parfait tous les jours, mais chez les Davey, on trouvait toujours des solutions à tout. On faisait des efforts, on réparait ce qui se cassait. Jusqu'à ce que ce soit la goutte de trop. Le drame qui faisait débordé le vase, détruisant quatre gens honnêtes, qui ne leur permettra pas de se reconstruire correctement. Vous savez ce que c'est, de faire des erreurs. Certaines ont plus ou moins de conséquences. Certaines affectent plus que d'autres. Et généralement, quand on a fait une connerie, on s'en mordait méchamment les doigts. Eloise, c'est tout le bras qu'elle se serait grignoté, si cette expression devait être prise au premier degré. C'est allé tellement vite, tout est parti en vrilles, elle n'a plus eu aucun contrôle, et c'était comme si en un claquement de doigts on venait de lui retirer ce qu'elle chérissait le plus en ce monde. Loin d'être fille unique, la brune avait toujours su se reposer sur son frère aîné, Anatole. Du moins, jusqu'à ce qu'elle commette l'irréparable. Un accident, qu'on lui avait dit. Ce n'était pas de sa faute, qu'on le lui répétait. Mais les yeux déçus et meurtris de ses parents étaient suffisants pour accentuer la culpabilité qui la rongeait. Les sourires se perdaient, les cauchemars s'accumulaient. Si seulement elle avait fait plus attention. Si seulement elle avait été dans un état plus correct. Elle n'aurait pas dû prendre le volant, ce soir-là. Et à cause de ses bêtises adolescentes, elle se retrouvait plus seule que jamais. Il y a certains jeunes qui s'en sortent sans trop de séquelle, de cette période-là. Mais celle-ci fut fatale pour Anatole, et dévorait Eloise un peu plus chaque jour. Les larmes aux yeux, les insomnies, la boule au ventre, elle connaissait bien. Aujourd'hui, loin de ses terres, quelques années plus tard, ça lui arrivait encore.

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« C'est ça, ton problème. C'est que t'es pas assez ouvert d'esprit. Ces héros, ils sont pas là pour nous faire du mal. Certes, ils font des erreurs. Et alors ? La plupart sont encore bel et bien humains. Je ne dis pas que ça justifie tout ce qu'ils font. Mais faut voir au-delà. » Elle attrapa son stylo, qu'elle passa entre ses doigts. « C'est marrant, y'a quelques mois, tu disais le contraire. Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ? » Elle esquissa un sourire en coin et releva les yeux vers son collègue. Il n'avait pas tort. Il y a un moment, son opinion concernant les justiciers en collants moulants relevait de l'opposé de ce qu'elle affirmait aujourd'hui. Qu'est-ce qui a changé ? Eloise le savait bien. A vrai dire, elle était la seule. Mais elle avait finit par ouvrir les yeux, pour se rendre compte que l'ère des héros qui se présentait n'allait pas nécessairement causer la fin de tout. Si elle avait grimacé lorsque les extraterrestres, dont Superman, se révélèrent, elle avait su prendre du recul sur la situation. L'un d'eux l'avait sauvée d'une mort certaine, il y a peu de temps. Et elle s'en souviendrait toujours. « Et tu vas me dire que même la vidéo qui circule sur Batman ne te convainc pas qu'il faut mettre un terme à tous ces cinglés costumés ? » Elle repoussa sa chaise et se leva. « J'ai du mal à y croire, à cette vidéo. Et puis, combien même elle ne serait pas truquée. Ils ne sont pas tous comme ça. C'est connu que Batman est un justicier instable, vu la violence dont il fait parfois preuve. Mais j'sais pas, j'le sens pas. Ça ne lui était jamais arrivé de tuer auparavant. Je mènerais bien ma petite enquête sur le sujet. Il va me falloir plus de preuves qu'une seule petite vidéo, qui au fond pourrait mettre en scène n'importe qui, pour me convaincre. »