The guardian and the thief (ft Moira)

the guardian and the thief

We must not be enemies. Though passion may have strained, it must not break our bonds of affection.

C’en était trop pour le lieutenant Vasquez. Obligé de quitter la DEA pour avoir mis au fait sa hiérarchie que l’un des inspecteurs était pourri jusqu’à la moelle et touchait un gros pactole chaque fois qu’un deal était conclu dans la ville, il se retrouvait maintenant affecté au CBP. S’il avait conservé son grade, il faisait le même job que la bleusaille. Ses journées de boulot finissaient par toutes se ressembler, il lui suffisait de se faire cramer la gueule par le soleil du désert de l’Arizona en gardant un œil avisé sur l’autre côté de la frontière. Sur cette même route que ses grand-parents avaient traversés pour tenter leur chance dans le Nord. Il avait toujours voulu être flic mais maintenant, il détestait son putain de job qui consistait à briser des rêves et des mâchoires. L’idée de démissionner lui avait traversé le trognon, il l’aurait fait depuis longtemps s’il n’avait pas une famille sur les bras. Ce n’est que quand les migrants prirent une nouvelle forme, celle d’une bête dégueulasse débarquée par un foutu vaisseau qui sortait du fondement de l’espace, que sa décision fut prise. Il n’avait pas signé pour ce genre de conneries. La gueule du monde avait trop changé pour qu’il continue à le comprendre. Peut-être qu’il arriverait à tirer quelque chose de la babiole qu’il avait récupérée sur le champ de bataille et qu’il avait refourgué discrètement dans sa poche arrière quand la bête avait disparu. Ça ressemblait à un bijou, c’était peut-être une arme qui lui cuirait le cul.

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Mark Hammer se décrit comme un visionnaire. Sa carrière le prouve, il a été l’un des créateurs de la cryptomonnaie dont le prix enfle sur le marché et est le moyen de paiement de transactions de tous les trafics louches qui se déroulent dans les profondeurs de l’internet, comme celle que Hammer s’apprête à faire. Mark est aussi visionnaire dans ses loisirs, ayant revendiqué depuis la cour de récré l’existence de formes de vies sur d’autres planètes, ce qui lui valut quelques taquets, mais pas suffisamment pour le décourager. Avec toute sa rigueur scientifique, il a étayé ses théories et rassemblé un nombre d’informations et de preuves impressionnantes. Beaucoup les appelle Hoax mais lui croit intimement en leur authenticité. Quand un assistant l’alerta de la vente d’un objet extraterrestre semblant provenir du crash qui eut lieu en début d’année dans le désert séparant le Mexique de l’Arizona, le geek le plus riche d’Amérique n’hésita pas fort longtemps. Il partageait avec les collectionneurs ce travers de vouloir tout posséder, à tout prix. Néanmoins, son aspect philanthrope l’empêchait de garder ses trésors pour le seul émerveillement de ses yeux. A moins que ce ne soit pour glorifier son image d’excentrique qu’il ait si ardemment désiré faire de sa collection une exposition. La date n’est pas choisie au hasard, on fête la première année du retour du protecteur de Metropolis ce mois-ci. C’est donc en toute logique dans cette ville que vont se dérouler les festivités pour un public de privilégiés triés sur le volet. Superman a bien évidemment été invité, il espère mais doute cependant que le justicier prenne le temps d’apprécier ses trouvailles. Il vérifie méticuleusement la disposition de la pièce, check avec le service de sécurité que tout est en place et d’un signe de tête, marque le début de la soirée.  

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* ASSEZ !! Tu connais tout ce qu'il y a savoir ! A quoi te sert de repasser ces images en boucle ! *

Megan est sur les rotules, les paumes posées sur le sol, la tête baissée et le regard dans le vague mais dirigé vers ses mains pour cacher les larmes qui roulent maintenant sur ses joues. A bout de souffle, son corps tout entier est soumis à des soubresauts. Son oncle qui lui fait face a le visage fermé et semble n'avoir aucune empathie envers les sentiments de sa nièce.  * Une dernière fois Megan, il ne faut laisser aucun détail nous échapper. * La jeune martienne serre les dents et se soumet à l'exercice. John entre dans son esprit et cible une fois de plus les souvenirs qui lui reste de son arrivée sur Terre. L'entrée trop rapide dans l'atmosphère, le vaisseau qui devient incontrôlable, Megan qui tente d'user de sa télékinésie pour diminuer la violence de l'impact mais qui sombre dans l’inconscience et l’inconnu. Le combat contre les autorités alors qu’elle revêt cette apparence qu’elle exècre. [...] Fin de la scène. Et la boucle continue, elle est un animal piégé dans ses propres souvenirs jusqu’à ce que John s’accroche à un détail. Un des agents de la police des frontières qui est dans la vision périphérique de la martienne semble ramasser un objet aux reflets écarlates.  *Hmm… Je crois qu'on tient quelque chose.*

Les recherches ont été aussi longues que laborieuses pour se mettre sur la piste de Kuru, qui d’oeil humain ressemble à un simple bijou précieux mais qui contient en réalité toutes les connaissances martienne et est le gage majeur d’une possible résurrection de leur planète. Megan a été évincée de l’investigation, se contentant de porter un fardeau appelé culpabilité, d’avoir égaré le dernier vestige de la culture de sa nation anéantie. Mais la justicière en herbe a été intégré à la partie la plus délicate de cette mission, celle de l'infiltration. Sur le papier, rien ne semble difficile. Il lui suffit de repérer la pierre de Kuru, si elle est parmi les oeuvres de cette exposition qu'elle espionne, puis d'envoyer un message télépathique à son aîné si leurs suppositions s'avèrent justes. 

John a utilisé ses ressources pour faire apparaître le nom d'emprunt de sa nièce sur la liste des invités en sa qualité de journaliste censé couvrir l'événement et avoir le privilège d'une interview aussi exclusive que factice de l'hôte de la soirée. Carton d'invitation aux lettres argentées indiquant Mary Murray en main, la martienne rejoint la file des personnes qui se pressent à l'entrée. Megan est blonde pour un soir, sa silhouette est marquée par une jupe crayon d'un vert émeraude qui rappelle ses yeux et par une chemise noire légère surmontée d'une élégante broche ronde dont la composition imite à la perfection celle du diamant. Non, elle ne vient pas de braquer une banque pour porter d'aussi onéreux bijoux. Les vêtements organiques de la martienne répondent à son pouvoir de polymorphe et peuvent prendre toutes sortes de formes. De toutes celles qu'elle a revêtu, c'est de loin la plus inconfortable, surement à cause de son mètre soixante élevé par une imitation d'escarpins hors de prix.

Une fois à l'intérieur, la martienne s'empresse de faire le tour, cherchant désespérant ce qu'elle a perdu et qui lui manque horriblement. Elle ne risque pas de trouver Kuru sur les présentoirs installés... Mark a jugé bon de sublimer sa dernière acquisition. Une magnifique pierre, qui ressemble à s'y méprendre à un énorme rubis, tenu par une chaine de métal d'une finesse inégalable et qui par sa fragilité apparente devrait rompre sous le poids du caillou, n'a sa place qu'autour du cou d'une somptueuse femme : Moira Niram. La responsable de la sécurité de la soirée qui ne le laisse pas indifférent est également une pièce de sa collection, si toutefois elle a accepté cet honneur de porter ce bijou qui n'a pas son pendant terrien.

(c) masterpeace