JULIA SIONIS ✸ i am flesh and bones, skin and soul. i am human.

Une profonde inspiration, comme pour prendre du courage. Se remémorer les différents événements de sa vie pouvait s’avérer pénible. Puis une douloureuse expiration. Comme si toute sa souffrance s’échappait de ses narines. Elle méritait mieux, lui avait dit sa mère. Elle ne méritait pas cette vie. Mais lorsqu'on savait de qui elle tenait son sang, il était aisé de se dire que Mère Nature n'avait fait que son travail. Les Sionis étaient punis, pour une raison ou pour une autre. Ou simplement parce qu’il y avait ces gens, les victimes d'un pitoyable vécu. Soit nées dans la folie, dans le sang, ou bien une injustice évidente. Parfois, il y avait de quoi perdre la tête. C'est ce qu'il s'était passé avec Roman Sionis. C'est ce qui était arrivé à sa fille. Il y avait ces tragédies que l'on ne pouvait expliquer. Où l'on se contente de dire que c'est la vie sans chercher plus loin. Et au final, ce sont ces personnes qui deviennent les plus fortes, et même les plus dangereuses. Quelque soit les événements à venir, ils sauront endurer la souffrance. Ils savent qu’ils vont survivre.

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On frappait à la porte. Maman n’était pas à la maison, elle n’était pas rentrée depuis hier soir. C’était inhabituel, et Julia savait, quelque part au plus profond d’elle-même, que quelque chose était arrivé. Elle n’était pas censée ouvrir la porte, lorsqu’elle était toute seule chez elles. Alors elle ne répondit pas la première fois, ni même la deuxième. Mais alors que les hommes qui les attendait derrière insistèrent, elle finit par timidement entrouvrir la porte d’entrée, afin d’y passer sa tête. Ses yeux d’enfant scrutèrent les inconnus. Ils étaient trois. Certains avaient des tatouages, d’autres une mauvaise mine. Ils inspiraient la crainte, pourtant ils ne firent rien qui aurait pu effrayer la petite fille. L’un d’eux lui adressa un sourire, un triste sourire. « Salut petite. » Commença-t-il en osant un pas de plus vers la porte. « Tu t’appelles Julia, c’est ça ? » Elle ne dit rien, se contentait d’un hochement de tête. Elle était fascinée par ces hommes, bien que méfiante. « Que voulez-vous ? » Demanda-t-elle enfin. Ils ne répondirent pas tout de suite, et échangèrent un regard. « Je ne sais pas comment te dire cela. Ta maman nous a quittés cette nuit. Elle a été retrouvée dans une ruelle pas loin de chez vous. » D’abord choquée, ses yeux se remplirent rapidement de larmes, et elle éclata. « C’est pas possible ! » Cria-t-elle avant d’éclater en sanglots. L’un se força à la prendre contre lui pour lui tapoter le dos. Ils semblèrent gênés, mais guère surpris par la réaction de la petite brune. « Il faut la ramener au patron. » Chuchota un autre à celui qui la tenait pour la réconforter un tant soit peu. Julia, déboussolée par cette nouvelle, n’avait prêté d’attention à sa remarque. Mais très bientôt, on l’emmènerait faire une rencontre qui allait changer sa vie à jamais.

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« Fait le, Julia. Fait le ! » Face à elle se tenait un homme, attaché à une chaise et bâillonné. Il avait fait l'erreur de sa vie, cette erreur qui allait lui ouvrir les portes du paradis. Ou de l'enfer. Il a été celui à lâcher le morceau, à dévoiler ce lourd secret que Roman avait fait jurer à ses hommes de ne pas dévoiler à la petite Julia. Cette dernière était arrivée il y a de cela quelques années, et aujourd'hui à ses dix-sept ans, il lui offrait l'occasion de devenir comme lui. Et si elle refusait de saisir cette opportunité, Black Mask ne voyait alors pas l'intérêt de la garder. C'est en ce jour précis que Julia prit réellement conscience du combat intérieur qu'elle menait. Celui qui la poussait un coup vers le bien, un coup vers le mal. Un cœur bon qui vivait dans un monde criminel. Il y avait de quoi se perdre, lorsqu'on n'était pas rempli que d'haine comme Roman Sionis. Et cette fois-ci, elle était tiraillée. Devait-elle franchir cette limite ? Tout à coup, les acclamations de son père ne parvinrent plus à ses oreilles, tant elle était concentrée sur l'homme de main attaché, à qui elle devait ôter la vie. Devait-elle le faire ? Elle savait qu'il n'y avait pas de retour. Une petite voix la suppliait de ne pas le faire, tandis qu'une autre, plus vicieuse, lui murmurait qu'elle se débarrasserait d'un mal qui la rongeait depuis des années. Ce mal, ces pulsions, qui la pousseraient à assassiner autant d'individus qu'il lui serait possible pour les satisfaire. Son cœur battait la chamade, et ces quelques secondes où son regard croisa l'angoisse à l'état pur dans les yeux de la victime qu'elle allait faire lui semblèrent une éternité. Elle inspira profondément. Et alors que les ténèbres elles-mêmes semblaient s'emparer de son être tout entier, un coup de feu retentit enfin. Si l'homme n'avait pas été attaché, il se serait probablement écroulé. Julia avait tiré.